Populistes et populismes… vous avez dit « populiste » ?
Par Jacques Gleyse, professeur émérite, Université de Montpellier, Laboratoire LIRDEF, EA 3749.
Le mot « populiste » est aujourd’hui utilisé dans le monde politique et médiatique pour qualifier aussi bien des groupes ou acteurs d’extrême droite que des groupes politiques ou des acteurs politiques de gauche. Ainsi voit-on dans certains médias qualifier de « populistes » ou de « populisme » aussi bien Eric Zemmour que Marine Le Pen ou, à l’autre bout de l’échiquier politique Lutte Ouvrière (Nathalie Arthaud), le N.P.A. (Philippe Poutou), le PCF (Fabien Roussel) ou la France Insoumise et son porte-parole Jean-Luc Mélenchon. Il n’est pratiquement jamais utilisé pour qualifier des partis qui ont été ou sont aux commandes du pays comme La République en Marche, Les Républicains ou le Parti Socialiste.
Le plus souvent d’ailleurs ce sont les membres de ces partis dits de « gouvernement » et quelques médiatiques influents (Léa Salamé, etc.) qui utilisent l’expression « populiste » pour qualifier les dirigeants et partis cités plus haut. Ces derniers qualifiés de « populistes » rejettent parfois ce qualificatif et l’appliquent plus rarement voire jamais aux partis dits de gouvernements ou aux partis ayant déjà eu le pouvoir ou ayant le pouvoir en France. Rarement François Hollande, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou plus tôt François Mitterrand ou plus tôt encore Charles De Gaulle ont été qualifiés de « populistes » ou d’exercer un pouvoir « populiste » ou d’avoir des positions politiques « populistes ». De ce fait on peut se demander ce que signifie ce terme en réaliser son exégèse, son étymologie afin de mieux comprendre de quoi il est question quand ce terme est employé. Il semble bien en effet, que « populiste » et « populisme » soient avant tout — aussi bien pour ceux qui sont ainsi qualifiés que pour ceux qui qualifient — des idéologies ou des positions idéologiques.
Les origines
En 1912, Grégoire Alexinsky, bolchévique, membre de la deuxième Douma après la 1er Révolution russe du 9 janvier 1905 (l’ainsi dit « dimanche rouge »), émigré à Paris dès 1907, inséré dans la société intellectuelle française, rédige un ouvrage important intitulé : La Russie moderne. Il explique, là, aux français que ce qui est en train de se passer en Russie depuis 1905 et qui plus tard donnera la deuxième révolution russe et l’URSS et le pouvoir à Lénine et Trotski puis Staline, n’a rien à voir avec la « révolution » et rien à voir avec le marxisme.

Pour lui les évènements russes se produisant dans un pays pré-capitaliste n’ont aucune chance de produire le socialisme. Ils ne peuvent que s’imposer par la violence et produire un « populisme », autrement dit une violence envers le peuple pire que celle exercée par les Etats bourgeois de la même période. Pour lui, il n’y aura donc jamais de communisme en U.R.S.S. mais un populisme. Il développera encore mieux ce point de vue dans son livre plus tardif (1947) : La Russie révolutionnaire. Des émeutes de la Russie agraire à l’organisation stalinienne.

Populisme et populistes de gauche ?
On trouve le mot « populiste » dans le Larousse mensuel illustré dès 1907 mais des groupes politiques dès le milieu du XIXe siècle se revendiquaient du populisme. Ainsi en est-il du « Parti Populiste » (People’s Party), né aux Etats-Unis d’Amérique du Nord au milieu du XIXe siècle. Ce parti qui a longtemps été le troisième parti politique de ce pays est fondé en 1876 par des paysans américains. En 1892 James B. Weaver son représentant rafle plusieurs Etats du Middle West (Idaho, Colorado, Kansas, Nevada, Oregon, Dakota du Nord). Ce parti disparaît de la carte des partis politiques en 1908.
Le Parti populiste défend : l’étalon or (face au dollar), la lutte contre les monopoles (le Chemin de Fer notamment qui les exploite), demande la nationalisation des chemins de fer, l’établissement de l’impôt sur le revenu, et envisage le droit de vote des femmes. En réalité, suite à la chute du prix des produits agricoles qui appauvrit et endette les paysans, ceux-ci se rebellent contre les « élites » du nord-est perçues comme seulement proches des intérêts de la grande industrie et de la finance internationale. On ne sera donc pas surpris que ce Parti Populiste trouve son prolongement dans le Parti Socialiste d’Amérique et dans le New Deal des années trente. A l’origine, le Parti Populiste s’insurgeait également contre Wall Street et le capitalisme qui avait spolié les petits propriétaires paysans.
Il donc assez paradoxal que le Larousse mensuel cité plus haut définisse le populisme comme : « membre d’un parti prônant des thèses de type socialiste (en Russie) » alors que, comme on le voit le Parti Populiste n’est pas créé en Russie mais bien aux Etats-Unis d’Amérique du nord. Par contre, il est exact de dire qu’à l’origine il « prône des thèses de type socialiste ». Il est donc au début du XXe siècle difficile d’associer « populisme » et extrême droite, il est associé à la gauche plutôt révolutionnaire.

Mais il existe une autre forme de « populisme » qui sera décrit comme le « populisme littéraire ». A l’instar de Léon Lemonier en 1929 en France une nouvelle école littéraire — tout d’abord en Russie à la fin du XIXe siècle — voit des étudiants abandonner leurs universités pour aller partager leurs connaissances avec des artisans et des paysans voire avec des ouvriers. Dans ce dernier cas, on parlera « d’ouvriérisme ». Ce mouvement a parfois partie liée avec les thèses trotskistes ou plus tard maoïstes. Léon Lemonnier pour la France fera paraître un « manifeste du populisme littéraire » le 27 août 1929 dans l’environnement de la crise économique. Il s’agit au travers de ce manifeste de s’opposer à la littérature bourgeoise. Là encore populisme est proche de socialisme ou de marxisme.
En 1931, Antonine Coullet-Tessier, crée le prix du roman « populiste » qui doit récompenser une œuvre : « qui préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu’il s’en dégage une authentique humanité ». La devise de ce prix est : « le peuple plus le style ». Jules Romain en sera l’un des premiers bénéficiaires. On voit donc qu’au cours du début du XXe siècle et de la fin du XIXe siècle le mot « populisme » se confond plus ou moins avec le mot « socialisme ».
Le prolongement du « populisme » dans les années soixante en France et notamment dans l’environnement de Mai Soixante-huit sera « l’ouvriérisme ». Des étudiants lettrés vont investir les usines et ateliers pour à la fois décrire la condition ouvrière mais aussi pour y participer et organiser des actions (« agit-prop ») anti-capitalistes. Robert Linhart étudiant maoïste sera l’une des figures de proue de ce mouvement à la suite de la publication de son ouvrage ethno-biographique, pourrait-on dire, L’Etabli qui paraît en 1978.
Populisme de droite ?
Mais face à ce « populisme » de gauche, on le voit, très proche du socialisme, se développera un autre « populisme » celui-ci d’extrême droite qui ne repose pas sur les mêmes valeurs. On pourrait remonter très loin dans le temps pour en trouver les racines, peut-être avec la réaction thermidorienne ou avec le Ier Empire voire la Restauration mais la figure de proue en est sans aucun doute le Général Georges Boulanger, ministre de la guerre sous la IIIème République. Celui-ci, pourtant à l’origine, s’inscrit dans la logique d’un populisme de gauche puisqu’il est soutenu par une partie de la gauche et de l’extrême gauche car il a rendu le service militaire obligatoire pour les ecclésiastiques et expulsé les Princes d’Orléans de l’armée mais aussi amélioré les conditions de vie des appelés (réduction de la durée du service militaire) et justifié la fraternisation de la troupe et des mineurs à Decazeville. Cependant le boulangisme s’organise autour de deux attracteurs majeurs : le peuple et… la patrie. Or très rapidement le deuxième concept renvoie à un bellicisme (la revanche de 1870 contre l’Allemagne) et se rapproche de plus en plus d’une forme de nationalisme devenant antirépublicain. En effet, dès 1886 les monarchistes apportent leur soutien au candidat à la présidence que devient le général Boulanger. Le prince Napoléon (Jérôme Bonaparte), promet de le soutenir.
Il se présente alors comme candidat à Paris avec l’idée de mettre en place un « constituante » (qui aurait pu emporter la IIIe République). Suite à sa victoire a candidatures multiples (autorisées alors) qui fait qu’il est élu dans de nombreux endroits, on lui propose de faire un coup d’Etat et de prendre l’Elysée, ce qu’il rejettera.

Aux élections de 1889, une grande partie des députés boulangistes, paradoxalement, vient de l’extrême gauche et de la gauche. Le boulangisme devient l’apanage des quartiers populaires. Lors de ces élections ce sont tout autant les électeurs d’extrême droite ou de droite conservatrice (nationalistes et bellicistes) qui votent pour lui que les électeurs de la gauche radicale socialiste. En définitive, si ce mouvement est souvent ensuite qualifié de « populiste » certains le considérent comme très conservateur, d’extrême droite du fait de son accointance avec les royalistes et bonapartistes qui voulaient supprimer la République et de son nationalisme, d’autres plutôt de gauche.
On connaît la fin tragique de l’histoire puisque le 4 avril 1889 son immunité parlementaire est levée. Dès lors il s’enfuit en Belgique. La Ligue des patriotes (boulangiste) est condamnée en vertu de la loi sur les sociétés secrètes. Le général est dès lors poursuivi pour : « complot contre la sureté intérieure, détournement de fonds publics, corruption et prévarication ». Il est condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée, le 14 août de la même année. La perte de sa maîtresse Marguerite de Bonnemains de la tuberculose le 16 juillet 1891 conduit à son suicide le 30 septembre 1891 sur la tombe de celle-ci.
Dans ce contexte l’affaire Dreyfus sera ce qui permettra également de départager un populisme de droite et un populisme de gauche.
Le populisme de droite se trouvera associé le plus souvent au nationalisme.
En 1899 Henri Vaugeois, Charles Maurras et Maurice Pujo créent l’Action Française qui porte un nationalisme républicain et anti-dreyfusard. Mais très rapidement ce mouvement devient royaliste (voir les Camelots du Roi, également). Son idéologie va, jusqu’à la guerre de 1914-18, se structurer sur l’idée d’un « réveil national ». Il s’agit d’alerter le peuple sur la menace allemande.

Le point d’orgue de la mobilisation de ce populisme d’extrême droite sera la manifestation antiparlementaire qui aura lieu à Paris le 6 février 1934 à l’initiative, entre autres, du Colonel de La Rocque et de son groupe les Croix de Feu. Les manifestants décident de déloger « les voleurs » du palais Bourbon, suite notamment à l’affaire Stavisky (escroc lié à des parlementaires radicaux). La rixe fera 14 morts et 657 blessés lorsque la police tirera sur les émeutiers. Un seul policier est mort mais il y a 1664 blessés. Ces évènements seront qualifiés de populistes par la gauche de gouvernement qui va se regrouper en interprétant cela comme la preuve d’un danger fasciste en France. On retrouvera cet antiparlementarisme dans d’autres mouvements plus tard, on va le voir et bien sûr aujourd’hui encore (les Gilets Jaunes par exemple).

En réalité le fascisme est toujours défini : « comme un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme » (définition Wikipédia). Le fascisme comme le nazisme voire le régime de Vichy, par voie de conséquence, sont aussi considérés comme ou liés au « populisme » mais cette fois d’extrême droite. Bien entendu, ce qui distingue cette forme de populisme du populisme de gauche c’est le nationalisme et la question de l’ordre totalitaire.
En effet, si les populistes américains voulaient améliorer le sort des classes populaires du Middle West, des grandes plaines et dans sa version française devenir une forme d’ouvriérisme, le populisme d’extrême droite, fasciste ou nazi voire vichyste, s’appuie d’abord sur une dictature totalitaire qui doit mettre le peuple en ordre ou du moins une partie du peuple, une seule, celle que l’on qualifiera de pure (italienne, allemande, française, aryenne) et qui exclura une autre large partie du peuple : les minorités (religieuses, ethniques, etc.). Si le populisme de gauche valorise le peuple exploité par le capital, le populisme de droite valorise la race pure et le nationalisme excluant les étrangers, les communistes, les juifs, les homosexuels, les « métèques », les Arabes, les musulmans, etc. On ne peut donc aucunement confondre populisme d’extrême droite et populisme de gauche. Les deux ne se fondent jamais sur les mêmes valeurs et ne visent pas le même « ennemi ». Le populisme de gauche a pour ennemi ou adversaire le capital et les capitalismes, le populisme de droite a pour ennemi ce qu’il considère comme impur : l’immigré, le Juif, l’Arabe, etc… bref tout ce qui n’est pas national dit « de souche ».
Une autre figure du populisme sera l’antiétatisme (déjà présent avec les Croix de Feu et l’Action Française). Tel est le cas dans les années cinquante du poujadisme.
Pierre Poujade (1920-2003) est à l’origine un responsable syndical des artisans et des commerçants. Entre 1953 et 1958, se développe un mouvement à son initiative qui condamne l’inefficacité du gouvernement de la VIème République et surtout qui défend les petits commerçant et artisans face aux « gros » (les notables, les intellectuels, etc.).

Le mouvement s’initie avec un groupe de commerçants qui s’oppose physiquement, à Saint-Céré, dans le Lot, à un contrôle fiscal. Ainsi débute le mouvement poujadiste qui va porter comme valeurs centrales : la haine de l’Etat qualifié de vampire, de ses grands commis mais aussi des apatrides (le nationalisme ici aussi) qui occuperaient la France. Au tout début il sera soutenu par le Parti Communiste français car il attaque également frontalement le capitalisme. Très vite pourtant (1955), un éditorial de l’Humanité, s’en dissocie comprenant qu’il s’agit d’un mouvement « populiste » de droite et non « populiste » de gauche. Il s’attaque notamment sur la base de son origine juive à Pierre Mendès-France. Il arrive cependant à mobiliser des masses importantes dans l’environnement des élections de 1956. 52 députés poujadistes siégeront à l’Assemblée Nationale sous la bannière « Union et Fraternité Française » obtenant 2,4 millions de suffrages et 11,6% des voix. Parmi ces députés figure Jean-Marie Le Pen.

Avec l’avènement de la Vème République le mouvement va perdre de l’influence et disparaître. Mais on constate, avec le poujadisme, qu’un autre ingrédient peut qualifier le populisme cette fois centriste et non d’extrême droite : la haine de l’Etat (trop d’impôts !) et des ainsi dites « élites » (déjà en germe avec les Croix de Feu et l’Action Française pour d’autres raisons).
On voit donc qu’il existe au mois trois formes de populisme : populisme de gauche anticapitaliste, populisme de droite nationaliste et raciste, populisme centriste anti étatiste, anti élites.
Des qualifications et définitions contemporaines
Aujourd’hui un amalgame semble être fait entre les différentes formes de populisme qui pourtant, en termes de valeurs, n’ont rien à voir les uns avec les autres même s’il peut exister des amalgames et des proximités, comme on l’a vu.
Ainsi, le Centre de recherches politiques de Science Po., cité dans l’encyclopédie en ligne Wikipédia, qualifie ainsi le populisme :
- les députés de l’Assemblée nationale devraient suivre la volonté du peuple [poujadisme ?]
- les décisions politiques les plus importantes devraient être prises par le peuple et non par les hommes politiques [idem]
- les différences politiques entre les citoyens ordinaires et les élites sont plus importantes que les différences entre les citoyens [idem]
- je préfèrerai être représenté par un citoyen ordinaire plutôt que par un politicien professionnel [idem]
- les hommes politiques parlent trop et n’agissent pas assez [idem].
Sur cette base ce centre de recherche affirme que le niveau d’adhésion à ces thèses, donc finalement au poujadisme (ou à une facette des thèses des Croix de Feu), en France est de 69%. Pour autant, cette manière de distinguer le populisme n’est en fait qu’une façon de qualifier l’antiparlementarisme caractéristique du poujadisme. Or comme on l’a vu l’antiparlementarisme est aussi l’apanage de la droite extrême (Boulangisme, Croix de feu, etc.). La gauche « populiste » ne partage pas cette vision puisqu’elle n’est pas foncièrement antiparlementaire mais anticapitaliste et socialiste ou ouvriériste dès sa fondation. Elle ne s’inscrit pas du tout dans cette caractérisation droitiste du populisme, du moins à l’origine.
Pierre Rosanvallon, lui (Le Siècle du populisme. Histoire, théorie, critique, 2020), considère que le populisme correspond à :
- une conception du peuple (le peuple-Un) [fascisme, nazisme, etc.]
- une théorie de la démocratie (préférence pour la démocratie directe, rejet des corps intermédiaires et domestication des institutions non élues, expression spontanée de la volonté générale) [poujadisme]
- une modalité de la représentation (mise en avant d’un homme-peuple) [poujadisme, fascisme, boulangisme]
- une politique et un philosophie de l’économie (national-protectionnisme dans une vision souverainiste attentive à la sécurité de la population) [fascisme, etc.]
- un régime de passions et d’émotions (sentiment d’abandon, d’invisibilité, besoin d’un monde plus lisible comblé par des récits d’essence complotiste, volonté d’agir par le dégagisme). [poujadisme]
De toute évidence, là encore cette vision du populisme correspond davantage à celle des anti-dreyfusards, des boulangistes, de l’Action française ou des Croix de feu, voire des Camelots du roi et moins virulent au poujadisme qu’au populisme de gauche issus des mouvements ouvriers révolutionnaires américains et prolongé par une vision socialiste. Ceux-ci, en effet, comme on l’a dit, ne s’opposaient pas nécessairement au parlementarisme (ils voulaient plutôt le réformer : vote des femmes) mais au capitalisme et, notamment pour les Etats-Unis d’Amérique du nord, à Wall Street. Ce n’est donc pas à toutes les élites qu’ils s’opposaient alors mais bien aux grands trusts nationaux et déjà internationaux (l’élite mondialisée).
« Populisme, populiste » pour créer de la confusion
En réalité, comme on l’a vu au début de cet article les partis qui se sont partagés le pouvoir depuis un certain temps ainsi qu’une partie des médias institués et institutionnels ont décidé de créer, pour défendre leur position de « partis de gouvernement », de fusionner les deux ou trois formes de populisme en un seul. Or, comme on a pu le constater tout au long de cet article, le populisme du Parti Populiste américain n’a absolument rien à voir avec le populisme de l’Action française dans ses buts avoués et encore moins avec le populisme du nazisme, du fascisme, du vichysme ou du pétainisme et pas davantage avec le populisme du poujadisme. Pour autant, cette confusion arrange les partis de centre droit et de centre gauche qui tiennent le pouvoir en France depuis le début de la Vème République. Elle leur permet de mettre dans le même sac vraie gauche et extrême droite légitimant ainsi leur propre position qui ne serait pas « populiste ». Or il n’est pas sûr lorsque l’on retourne l’attribution que les vrais populistes ne soient pas ceux qui en qualifient d’autres ainsi. En effet, si l’on appliquait les catégories de Pierre Rosanvallon ou celle du centre de recherche de Science Po, aux discours des partis dits « de gouvernement » on s’apercevrait que de plus en plus souvent ils correspondent aux catégories de cet auteur et de cette structure à part peut-être pour ce qui concerne la démocratie directe à laquelle ils sont tous plus que moyennement favorables (ne serait-ce que pour préserver leur pré carré.
En tout état de cause après ce long détour historique on ne peut que constater que « populiste » a tout d’un concept creux d’une coquille ville ou pire d’un mot-valise comme l’on dit actuellement qui amalgame des idéologies totalement antagonistes et qui ne permet pas de classifier clairement des positions idéologiques.