Le « dry citoyen irresponsable » du Président Macron
Le Dry January ou « Défi de janvier » est une campagne lancée en 2013 par l’organisation Alcohol Change UK. Son but est d’inciter à faire une pause dans la consommation d’alcool au mois de janvier. Parallèlement à cette initiative, Emmanuel Macron a été élu « en même temps » “personnalité de l’année 2022 ” par la Revue du Vin de France le lundi 4 janvier 2022. Le Président a été récompensé pour ses actions envers la filière viticole et Denis Saverot, directeur de la rédaction de ce journal tient à saluer l’action du président de la République à un moment où s’achève son mandat. L’agenda de l’Elysée nous indique que cette « Cérémonie de remise du prix de la personnalité de l’année par la Revue du vin de France, à la mairie du Ve arrondissement de Paris » se tiendra aujourd’hui jeudi 6 janvier.
Ceci explique cela
“Moi, je bois du vin le midi et le soir“, avait ainsi déclaré E. Macron face aux journalistes lors du dernier salon de l’agriculture. Chacun sait que le vin peut, même à moindre dose, désinhiber certaines personnes et leur faire tenir des propos révélant parfois leur vraie nature. Est-ce que le Président, comme certains acteurs avant de monter sur scène, s’enfile « un petit (grand) verre » avant une interview ?
Un président (candidat ?) qui s’époumone
« On ne fait rien bouger si on n’est pas pétri d’un respect infini pour chacun. Dans certains de mes propos, j’ai blessé des gens et je pense qu’on peut [faire] bouger les choses sans blesser des gens, et c’est ça que je ne referai plus. » déclarait le Président de la République dans un entretien télévisuel le 15 décembre 2021. Vont suivre cette semaine les déclarations accordées au journal Le Parisien : « Un irresponsable n’est plus un citoyen » et « emmerder [1] les non-vaccinés ». Visiblement le locataire de l’Élysée est atteint du syndrome d’énantiosémie. Il dit des choses qu’il regrette pour ensuite retomber dans ses travers et se retrouver ainsi dans l’arène de la vulgarité en choisissant son camp. Le toujours président oublie qu’il est garant de l’unité de la nation et stigmatiser une partie de la population n’est pas un programme politique.
Campagne électorale ou campagne contre la pandémie ?
Dans certaines situations nous dit Macron il faut mettre les « devoirs avant les droits ». Propos étonnants venant du premier personnage de l’État tant l’articulation entre les droits et les devoirs est indissociable. D’autant, et c’est là tout le paradoxe, qu’il se sert de son droit de président et que par là même c’est lui qui devient « citoyen irresponsable ».
L’enjeu de l’élection présidentielle semble dévier dangereusement vers un climat populiste. Dans populiste il y a peuple. Brecht disait que « le gouvernement estime que le peuple a ‘trahi la confiance du régime’ et ‘devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités’. À ce stade, ne serait-il pas plus simple de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »
Aujourd’hui cette phrase est encore d’actualité, il suffit de l’écrire ainsi : “Macron estime que les non vaccinés ont trahi sa confiance et ils devront se faire vacciner vite pour regagner sa confiance” À ce stade, ne serait-il pas plus simple de les dissoudre ou de les écarter de la nation jusqu’à ce qu’ils comprennent faute de quoi “il aura envie de les emmerder”. Le risque pour E. Macron c’est que le peuple use du syndrome d’énantiosémie en le « remerciant » d’une litote. En cette période de « dry january » il lui restera, pour se consoler, d’ouvrir une bonne bouteille.
[1] à propos de “merde” et d’emmerder, à voir avec humour, Christophe Tarkos – L’Homme de merde. Christophe Tarkos poète marseillais mort à 41 ans.