La BD “Amen” : la colère de Dieu

La science-fiction est une thématique très utilisée en bande dessinée. Tout simplement parce qu’elle permet de faire ce que les autres arts ne permettent pas. Il est évidemment plus simple de dessiner une plante imaginaire ou de faire faire des choses incroyables à des êtres sur crayon qu’à travers des effets spéciaux avec des comédiens devant supporter pendant de longues heures, sous les projecteurs, une tonne de maquillage.

Pourtant le cinéma aime la science-fiction qui s’inspire très souvent d’observations de la vie courante pour la transporter dans un autre univers. Mais à la base de tout cela, il existe le roman de science-fiction. Le plus connu en France est certainement Jules Verne avec son roman écrit en 1865 De la Terre à la Lune, bien avant la conquête spatiale des années soixante. Un autre romancier français est également connu à travers le monde, certes plus contemporain, mais dont son roman La planète des Singes, a été adapté de nombreuses fois au cinéma, je veux bien sûr parler de Pierre Boulle, un Avignonnais de naissance.

Mais le premier roman de science-fiction connu est l’épopée sumérienne du roi Gilgamesh, dont les premières versions dateraient d’approximativement 2 000 ans avant notre ère. Ce texte serait aussi le premier ouvrage connu de la littérature. Le genre y est reconnu à travers son traitement de la raison humaine et sa quête pour l’immortalité. Plus spécifiquement, un déluge est mis en scène dans un passage dont les traits tendent vers la science-fiction apocalyptique.

Il n’y a donc rien d’étonnant à trouver des ouvrages en bande dessinée, inspirée de roman. C’est le cas pour Amen, qui est une adaptation libre d’Au cœur des ténèbres, de Joseph Conrad transposé dans un contexte de guerre de religions interplanétaires. Cette nouvelle parue en 1889 a été adaptée au cinéma par plusieurs réalisateurs sont Francis Ford Coppola dans son film Apocalypse Now ou Werner Herzog dans Aguirre, la colère de Dieu.

Avec cette BD, Georges Bess, le scénariste et dessinateur signe un space opera (c’est un sous-genre de la science-fiction caractérisé par des histoires d’aventures épiques ou dramatiques se déroulant dans un cadre géopolitique complexe) initiatique et décalé comme ne peut l’offrir que le neuvième art.

 

Amen – tome 1 – Ishoa ou la précession des équinoxes : prier ne sera d’aucune utilité

Tandis que d’interminables guerres de religions ravagent la galaxie tout entière, Arcadia cache de nombreux mystères…

Et si la solution pour faire cesser cette pure folie guerrière se trouvait sur cette planète aux confins de l’univers connu ?

Deux expéditions y ont déjà été envoyées par la Coalition mais aucune n’en est revenue. Pas un seul signe de vie n’a été relayé et aucune donnée n’a été transmise.

Pourtant, Arcadia attire. Et une troisième expédition de néoconquistadors vient d’y débarquer.

Commanditée par Sir Raleigh et dirigée par son protégé Ishoa, elle est composée de quatre frères prêcheurs, de quantité de mercenaires – tous anciens forçats – et davantage encore d’esclaves-mutants et sherpas.

Au programme : évangélisation de toute forme de vie consciente, annihilation d’espèces hostiles, recherche de richesses minières et enquête sur la disparition des deux précédentes expéditions.

Mais dès la première journée d’exploration, d’inexplicables phénomènes laissent présager du pire concernant la destinée des précédents colons…

 

Un premier tome qui plante le décor

Ce qui est bien avec la science-fiction, c’est qu’elle laisse l’auteur l’entière liberté à son imaginaire même quand il s’agit d’une adaptation. Le plus important est donc d’expliquer au lecteur dans quel univers il va évoluer tout au long de sa lecture et surtout d’essayer de rentrer dans la tête de son auteur.

Le tour de force de George Bess est de commencer son histoire en plein milieu de la quête en quelque sorte, résumé dans le synopsis, tout en faisant rapidement un flash-back et des explications au niveau de la personnalité des personnages tout au long de ce premier volume. Ainsi le lecteur s’imprègne directement de l’atmosphère et comprend rapidement la place de tous les personnages qui composent cette troisième expédition sur Arcadia.

Au niveau des graphismes, Georges Bess, laisse une nouvelle fois exprimer tout son imaginaire avec comme en couverture, le grand Swami, le commandeur des croyants, qui est maintenu en vie artificiellement depuis mille trois cent cinquante-sept années.

Le scénario est très bien construit puisqu’à la fin du premier tome, le lecteur se retrouve au même moment que la première image et introduit donc parfaitement le second tome où toutes les questions trouveront des réponses.

 

Amen – Tome 2 – Kurtz, là où rêvent les étoiles : au nom du plaisir

Les mercenaires de l’expédition Arcadia ont tenté d’éliminer les autochtones croisés sur leur route. Mais, pris d’une subite crise de démence collective, ils se sont finalement tous entre-tués.

Les dézingueurs se sont dézingués et le convoi poursuit sa route. La débâcle est annoncée. Un virus se répand dans les rangs, plus de la moitié des hommes sont morts et, il faut bien le constater, ni trésors, ni indices concernant les précédentes expéditions n’ont été trouvés…

Ishoa garde foi en son instinct qui le pousse à persévérer. C’est ce même instinct qui l’invitera à suivre un étrange personnage à travers les plaines désertiques d’Arcadia. Quelles réponses trouvera-t-il au bout du chemin ?

 

Qu’il en soit ainsi dans le deuxième tome

Le deuxième tome est différent du premier, étant donné que l’histoire se déroule d’un seul trait, sans retour en arrière. Le lecteur se retrouve dès la première planche directement à la fin du premier tome.

Mais le reproche que l’on peut faire, c’est qu’à vouloir trop laisser le lecteur entrer dans la tête de l’auteur, et bien on devine facilement ce qui va se passer.

Il y a peu de places au suspense, à part de découvrir la véritable âme d’Arcadia qui au final se révèle être une découverte de soi, une initiation tel Siddhārtha Gautama qui atteignit le Nirvana dans la religion bouddhiste.

Pour conclure, cette bande dessinée qui au demeurant se lit très facilement, est plutôt réservée aux lecteurs qui voudraient s’initier à la science-fiction en bande dessinée car tous les codes du genre y sont représentés. Pour les autres, les initiés, la lecture risque d’être une quête trop facile à résoudre.

Amen – Tome 1 – Ishoa ou la précession des équinoxes est disponible aux éditions Glénat et comprend 64 pages.

Amen – Tome 2 – Kurtz, là où rêvent les étoiles est disponible aux éditions Glénat et comprend 64 pages.

 

 

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