Le 26e Festival d’Uzès Danse aura lieu les 11-12-13 et 17-18-19 juin 2021

Édition particulière à plus d’un titre, ce 26e festival porte en creux les annulations et regrets passés, et en relief la joie des retrouvailles avec le public, les artistes et leurs œuvres : des créations à découvrir et qui viennent d’éclore, mais celles aussi qui, après une longue jachère, peuvent enfin s’exposer au grand jour. En tout, une vingtaine de rendez-vous, pour une édition qui s’étend exceptionnellement sur six jours, au lieu des cinq habituels.

Uzès danse 2021 est placé sous le signe de l’équilibre – entre artistes régionaux, nationaux et européens, entre femmes et hommes, entre signatures de référence, qui font partie de l’histoire de la danse, et chorégraphes au début de leur parcours.

Mélange d’esthétiques et d’écritures variées, le panel des propositions traverse la question du temps, sous tous ces aspects, et fait imperceptiblement écho à cette période trouble que nous vivons : perte des repères, instabilité, recherche de résilience, de ressourcement ou d’une nouvelle harmonie avec soi et le monde, nécessité d’une autre écoute, d’un autre regard… Et si corps et mouvement sont bien l’épicentre de toutes ces œuvres, les mots, le chant, la musique, ainsi qu’une dimension plastique sont également là tout au long de ces six jours de festival.

Le festival 2021 est également l’occasion d’une carte blanche proposée à Danya Hammoud pour une série de performances et la projection d’un film, premier d’une longue série, sur notre être au monde exprimé par des femmes de différentes origines et générations. Sans oublier une programmation cinéma, en partenariat avec le cinéma Le Capitole, qui vient se glisser dans les interstices de la présentation des spectacles.

Et si la programmation prend ses quartiers dans ses écrins habituels que sont le Jardin de l’évêché et le Parc du duché, elle investira également – et pour la première fois – L’Ombrière, avec le concours de la communauté de communes Pays d’Uzès.

 

Carte blanche à Danya Hammoud

Pour cette 26e édition du festival, les organisateurs du festival proposent une carte blanche à Danya Hammoud. L’occasion pour elle d’imaginer quatre rendez-vous, d’inviter les spectateurs à quatre rencontres – au féminin pluriel – entre corps/mouvements et mots/paroles…

« Les événements de ces deux dernières années (dans le monde et au Liban) ont induit des transformations dans mon travail chorégraphique. L’écriture, la prise de parole et la matière textuelle s’y sont introduites de façon directe et plus visible. Lors de l’invitation pour cette carte blanche, j’ai eu envie de partager ces questionnements sur les mots, avec mes collègues Yasmine, Ghida et Khouloud. Et les inviter aussi à travailler, en corps et en mots, sur la pensée de notre métier en débat avec l’état du monde actuel. » Danya Hammoud

Beyond a certain point movement itself changes ©AnnaharArchive

 

Le programme

LA BELLE HUMEUR
de MAGALI MILIAN et ROMUALD LUYDLIN
LA ZAMPA (FRANCE)

VENDREDI 11 JUIN À 19:30 à L’Ombrière, durée 1h, tarif unique 10€

Invitée régulière du festival, La Zampa nous offre la première de son nouvel opus. Construit à partir d’un travail sur la respiration, ce quintette joue avec les déséquilibres, les instabilités. Une subtile invitation, par les sens, à réinvestir notre rapport au monde.

Comme point de départ pour leur nouvelle création, Magali Milian et Romuald Luydlin (alias La Zampa) ont choisi d’explorer ces moments intermédiaires, ces entre-deux cycles (d’une vie, d’une époque) où les repères s’estompent, les certitudes s’étiolent. Autant de situations instables qui essoufflent et font perdre pied. Mais il pourrait en être tout autrement… C’est le sens de ce nouveau projet : consentir à faire de ces situations de troubles une possibilité de ressources pour (re-)faire corps avec le monde – au présent.

Sur un plateau accidenté, hérissé de plans inclinés, cinq corps entament une lente respiration. Dans une quiétude apparente, mais attentifs, actifs, ils ouvrent petit à petit l’espace, le parcourent ; chacun à la recherche, semble-t-il, d’un chemin pour cohabiter au mieux avec ce lieu et ces autres corps qui l’occupent. À peine quelques regards entre eux : c’est davantage l’écoute qui semble construire leur coexistence…

Telles sont les premières touches de cette Belle Humeur qui joue à la fois sur le souffle de ses interprètes et leur circulation presque incessante.

Rien d’un corps commun ici, mais cinq individualités qui, dans un étrange crescendo entremêlant calme, densité et accélération, trouveront l’espace-temps d’un choeur commun… pour mieux percevoir un autre horizon possible.

 

ONIRONAUTA
de TÂNIA CARVALHO (PORTUGAL)

VENDREDI 11 JUIN À 22:00 au Jardin de l’évêché, durée 1h, tarif unique 10€

Chorégraphe, chanteuse, pianiste et compositrice, Tânia Carvalho a plus d’un don en réserve. Elle nous le prouve avec cette pièce pour deux pianos et neuf interprètes, aux intonations à la fois sombres et diablement fantasques

©Rui Palma

Tânia Carvalho n’est pas une inconnue du festival. En 2015, son Weaving Chaos nous embarquait dans les houles féroces d’une entêtante odyssée aux tonalités sépia. Cette fois, c’est dans une navigation au coeur des rêves que cette artiste nous entraîne.

Le titre de la pièce l’annonce clairement : Onironauta (entendez « onironaute » ou « explorateur de rêve ») désigne une personne qui parvient à contrôler ses rêves pour mieux explorer son inconscient, et conjurer aussi ses pires cauchemars…

Quelque chose d’à la fois paisible et inquiétant plane tout au long de cette pièce volontairement composite. À l’image de la danse, habile patchwork de techniques et registres différents – même si les postures classiques et modernes semblent relier l’ensemble. Un esprit similaire habille les interprètes : robes à traîne pour les pianistes, collants et autres références « académiques » pour les sept danseur·euse·s, visages grimés ; le tout sali, taché, barré de peinture rose, verte ou bleue.

Traversée tantôt de lentes brises légères, tantôt de bourrasques nerveuses, la chorégraphie joue également avec l’idée du corps de ballet et s’amuse avec ses codes. Sans jamais se complaire dans la caricature, Onironauta caresse l’exagération avec sérieux, l’absurde avec parcimonie, et touche à la beauté dans l’incongru… Pour Tânia Carvalho, cette pièce renfermerait le cauchemar d’un danseur. On rêverait d’en faire d’aussi riches et troublants.

 

UNDERGROUND
de ROMAIN BERTET
CIE L’OEIL IVRE (FRANCE)

SAMEDI 12 ET DIMANCHE 13 JUIN À 11:00 au Parc du duché, durée 30 minutes, tarif unique 10€

En plantant littéralement son visage dans le sol, Romain Bertet plonge dans un autre monde. Accompagné par un riche travail sonore, son corps nous raconte cette improbable traversée… Une ingénieuse invitation à inverser notre perception, et à ouvrir notre champ des possibles.

©Eric Petit

Dans le paysage tranquille du Parc du duché, une image interpelle : un homme est là, la tête enterrée. Quelque chose de surréaliste se dégage de ce tableau malgré tout bien réel. Bien vivant aussi : ce corps est loin d’être immobile… Aux alentours, des sons, des mots, se glissent, se dispersent, ici et là. Mais leur présence ne résonne pas avec la nature reconnaissable qui entoure cet étrange récit dessiné devant nous…

Telles sont les premières impressions que donnent à vivre UNDERGROUND, une trouble performance, à la fois physique et poétique, à laquelle Romain Bertet nous convie pourtant presque l’air de rien : comme si tout ce qu’il écrivait, avec son corps et la trame sonore/textuelle qui l’accompagne, n’avait rien d’incongru, était tout ce qu’il y a de plus naturel.

En ressort une mystérieuse immersion souterraine qui ouvre les portes de l’imaginaire en inversant notre rapport au monde, en donnant à entendre et à percevoir ce qui peut bien traverser un corps au visage planté dans la terre, dans l’envers de notre décor quotidien, un ailleurs tout aussi empli d’histoires et de souvenirs.

 

LIBER
de MAGUELONE VIDAL
INTENSITÉS (FRANCE)

SAMEDI 12 JUIN À 19:30 à L’Ombrière, durée 1h10 environ, tarif unique 10€

Intrication multiple entre son et mouvement, Liber nous entraîne dans un récit à la fois poétique et éminemment sensoriel. Une parabole à partir de la peau, cet espace-frontière de tout corps, mais surtout ce lieu d’échanges entre soi et le monde.

©Marc Ginot

En matière d’explorations scéniques, Maguelone Vidal creuse un singulier sillon, à la recherche des hybridations possibles entre son et mouvement. Est-ce le mouvement qui crée le son ? Ou le son qui induit le mouvement ? À voir – à vivre, à vibrer avec – le travail de cette artiste, ce n’est pas ce genre de questions de « hiérarchie » qui domine, tant on se retrouve immergé·e·s dans un continuum contrasté de paysages convoquant aussi bien l’auditif, le visuel que le tactile.

Effacer les frontières, les barrières, est d’ailleurs le sens même du propos de ce Liber, quartette scénique avec, en son coeur, le corps d’Hanna Hedman, Suédoise d’origine éthiopienne, reflet limpide de la force des métissages qu’explore et défend, par essence, la démarche artistique de Maguelone Vidal.

Au centre, un corps donc, se découvrant, se redressant, s’ouvrant au monde. Un corps dansant, respirant, chantant. Un corps tantôt muni de capteurs, tantôt nu de toute technologie, tantôt micro en main pour s’écrier, s’exprimer, pour toucher aussi. Un corps en relation/discussion/transmission avec trois autres, tout aussi vivants, tout aussi en mouvement – même s’ils sont le plus souvent derrière des machines, une harpe électrique ou un jeu de percussions.

 

SÉRÉNITÉS ÉTAIT SON TITRE
de DANYA HAMMOUD
L’HEURE EN COMMUN (FRANCE)

SAMEDI 12 JUIN À 21:30 au Jardin de l’évêché, durée 45 minutes, tarif unique 10€

Glissant entre mots et mouvements, Sérénités était son titre témoigne d’une pièce qui n’a pu voir le jour, nous dessine avec finesse la colère sourde d’un deuil, de tous les deuils, et la magnétique puissance qu’il y a à persister… et à signer sa propre histoire.

©Patrick Berger

Lors du festival 2019, Danya Hammoud présentait une étape de travail de Sérénités, un trio au féminin qu’elle entendait comme une traversée commune, une migration. En juin dernier, la première de cette pièce aurait dû avoir lieu. Les événements sanitaires en ont décidé autrement… Le processus de création s’est malgré tout poursuivi. À deux désormais : Ghida Hachicho ne parvenant plus à venir du Liban à cause des restrictions de voyage imposées en ces temps de pandémie. Et le 4 août 2020 est arrivé, avec ces images d’un champignon quasi atomique qui s’élève du port de Beyrouth avant de s’étaler et de dévaster une grande partie de la capitale libanaise… Comment persévérer dans le travail après un tel choc ? Sérénités était son titre fait figure de réponse.

Sur un plateau blanc, à peine sculpté par la présence de deux micros sur pied entièrement noirs, Danya Hammoud et Yasmine Youcef retracent avec leurs mots l’histoire d’une pièce qui n’a pu exister, tout en veillant à offrir une présence à leur troisième partenaire, absente.

Par leurs corps, elles nous en tracent aussi des fragments, de précieux débris, avec le bassin comme épicentre du mouvement : « ce lieu de potentiels de vie et de survie, capable de me permettre de continuer », nous dit l’une des deux interprètes. Un calme tendu traverse leur peau, leur voix, l’espace tout entier. À l’image d’une coulée de lave, évoquée au début de cette pièce qui « témoigne de la perte, de la disparition », précise la chorégraphe, et « de tous ceux qui ne veulent plus procrastiner leur vie ».

 

PAUL
de LÉA LECLERC
COMPAGNIE PATCHWORK (FRANCE)

DIMANCHE 13 JUIN À 17:30 à L’Ombrière, durée 20 minutes, tarif unique 10€

Sous cet unique prénom masculin se cache effectivement un solo. Mais le corps qui se donne à voir dévoile une identité étrangement plurielle, enfermée dans un rituel aux accents névrotiques. Une série de boucles qui se répètent, se transforment et se tordent. Jusqu’à l’implosion ?

©Lea Gressier

Et si cette identité que nous nous construisons (bon gré mal gré) n’était en réalité qu’une prison ? Une définition de soi dans laquelle nous nous délimitons pour mieux nous y enfermer, sinon nous y compresser ? Telles sont les questions qui ont guidé Léa Leclerc dans l’écriture de ce solo qu’elle développe et peaufine, d’étapes en étapes, depuis le début de son jeune parcours de chorégraphe.

Tutu, chaussures à talon, pull à col roulé noir, cheveux rasés sur les côtés : la silhouette de ce corps au plateau a quelque chose de complexe, de composite. Sa gestuelle également multiplie les intonations et les actions, par saccades ou échos successifs. Régulièrement, un regard aussi bref que sec semble nous scruter au loin…

Dans ce solo résolument pluriel, des boucles se dessinent et se revisitent. Une tension s’installe sournoisement, progressivement. Maisquelle mouche a piqué ce corps ? Par quels courants électriques a-t-il bien pu être traversé ?

 

BOUILLIR LE VIDE, UN RÉCITAL
de MARTINE PISANI
COMPAGNIE MARTINE PISANI (FRANCE)

DIMANCHE 13 JUIN À 19:30 au Jardin de l’évêché, durée 50 minutes, tarif unique 10€

Pour Uzès danse 2017, Martine Pisani créait UNDATED, pièce pour dix interprètes qui tentait l’utopie de condenser ses 25 ans de création. Cette année, elle revient avec la première d’un solo fait uniquement de « débuts ». Ou quand l’angoisse de la page blanche se transforme en bouffées d’oxygène pure !

©Theo Kooijman

Martine Pisani aime jouer avec le « presque rien » pour mieux souligner – non sans finesse – le plaisir et l’anecdotique de notre condition d’humain… Comment commencer ?

Quand s’arrête un début ? Loin d’être saugrenues, ces deux questions sont les points de départ de bouillir le vide, un récital : un solo qu’elle signe pour (et avec) Christophe Ives, un de ses interprètes de longue date.

Jouer avec une série de commencements et les assembler, jongler avec les rythmes et les contrastes : tel est le cadre de construction de cette pièce qui passe volontiers du silence à la prolixité, de l’agitation tous azimuts à la lenteur la plus précise.

À la fois énergique et malicieusement gauche, Christophe Ives prend plaisir à s’aventurer dans cette partition pas aussi loufoque qu’il n’y paraît. Quelques amis (un fatras d’objets pour être exact) l’accompagnent dans ce récital pour le moins insolite, qui nous pousse « à écouter ce que l’on voit », pour reprendre les mots de la chorégraphe.

 

MADMUD
de TÂNIA CARVALHO
(PORTUGAL)

VENDREDI 11 JUIN À 21:30 au Jardin de l’évêché, durée 1h, tarif unique 10€

En écho direct à Onironauta, Madmud nous immerge littéralement dans l’univers musical et poétique de la chorégraphe Tânia Carvalho. À la voix et au piano, elle distille un flux captivant, où rôdent parfums de mélancolie et tumultes ténébreux.

©Rui Palma

Si Tânia Carvalho est davantage connue en tant que chorégraphe, son imaginaire trouve tout autant de précieux terrains d’expression dans la musique et dans le chant. Autant d’outils avec lesquels l’artiste aime nous faire sillonner des mondes oniriques, aussi mystérieux que torves ou tortueux.

En 2011, elle nous présentait une première version de son concert solo, Madmud. Une véritable performance, à la fois vocale, musicale et physique, qu’elle reprend ici, dix années plus tard, dans un format complètement redéployé. À part une partition de Mozart (revisitée à sa façon), son programme ne renferme plus aujourd’hui que des compositions personnelles. Quant aux paroles, aux couleurs toujours aussi troubles, elles sont signées par deux de ses compatriotes : Patrícia Caldeira et, pour quelques morceaux, Fernando Pessoa – l’incontournable, pourrait-on dire, quand on parle de littérature portugaise…

À la fois noires et brumeuses, comme sous un ciel de pleine lune, ses atmosphères denses, épaisses, s’envolent ou plongent avec une désarmante facilité. À l’image de sa voix, aussi tendre que rocailleuse, avec laquelle Tânia Carvalho vient discrètement, sournoisement, entremêler ambiances spokenwords, chants mélodiques ou grondants, et étonnantes percées stridentes. Ou quand le suave s’en vient caresser les tréfonds.

 

HORRIBLE PUGILIST BROTHER
de OLIVIER MULLER
(FRANCE)

JEUDI 17 JUIN À 19:30 au Jardin de l’évêché, durée 40 minutes, tarif unique 10€

Après HooDie, présenté en 2018, Olivier Muller nous offre la première de son deuxième solo. Une pièce volontairement composite, aux tonalités aussi poétiques que grotesques et kitsch. Un collage diablement chimérique, imaginé à partir de la figure mythologique de Pan.

©Olivier Muller

Mi-homme, mi-bouc, Pan est une divinité grecque pleine de contrastes, à la fois symbole d’osmose avec la nature et source de panique ou de chaos. Sans oublier ses dimensions lubriques et érotiques… Un personnage à l’identité complexe qu’Olivier Muller a choisi d’invoquer pour écrire un solo jonglant volontiers avec les antagonismes : raffiné/brut, noble/populaire, naturel/artificiel, extase/horreur… Autant de clivages avec lesquels il prend plaisir à jouer, pour mieux les démonter et nous entraîner dans un paysage entre-deux, « ce qu’en écologie, on appelle un “écotone”, une zone de transition entre deux écosystèmes, une lisière qui n’est ni l’un ni l’autre, et laisse donc place à
l’inattendu », précise-t-il.

Convoquant tout à la fois Nijinski et son faune, les danses libres, expressionniste ou classique, mais aussi des gestuelles tirées du waacking ou du voguing, sa danse articule un joyeux kaléidoscope de styles en guise de « célébration de nos capacités de transformation ». La musique, elle aussi, se fait creuset de rencontres éclectiques dans lequel transparaissent sonorités électroniques, Debussy ou Sibelius.

Quant à l’espace, il se dessine avant tout aérien, voire « climatique » et un rien magique par instants… Mais gardons une part de mystère sur ce partenaire de jeu qu’a imaginé Olivier Muller, jeune chorégraphe qui affirme ici une signature insolite, fragile et exubérante. Queer, vous avez dit queer ?

 

WILDER SHORES
de MICHÈLE MURRAY
PLAY (FRANCE)

JEUDI 17 JUIN À 21:30 à L’Ombrière, durée 1h environ, tarif unique 10€

Entre circulations à la mécanique complexe et jeux d’appuis à deux, la dernière création de Michèle Murray souffle un étrange vent de liberté et nous emporte vers des « rivages plus sauvages », comme son titre nous le glisse à l’oreille.

©Julien Reyes

Sur un plateau blanc, six corps vêtus de noir investissent un à un l’espace. Six électrons libres qui se croisent, s’éloignent et se resserrent dans un jeu de circulations presque incessantes, faites de marches, de sauts et de tournoiements en tout genre. Une individualité de gestes qui vient relever l’homogénéité des corps en présence, dans leurs tailles et leurs gabarits.

Çà et là, des duos ou trios apparaissent, des synchronisations se forment et se déforment, quelques unissons également. Une surprenante légèreté mécanique emplit ce sextette impassible, semble-t-il, devant les grondements sonores, hypnotiques et lancinants de Gerome Nox (également présent sur scène), alors que la lumière, elle aussi, suit sa propre logique, acérée, parcourant différentes intensités de blanc, de bleu ou de rouge, tout en démultipliant au sol les ombres des interprètes…

Éminemment « danse », WILDER SHORES nous plonge dans une écriture à la fois tendue et relâchée, rigoureuse et libre, mathématique et organique. « Une composition instantanée régie par une grille de règles strictes », comme aime à le préciser la chorégraphe. Une expérience à vivre, à ressentir. Celle de la liberté dans le cadre. Heureux mariage entre deux notions que l’on a trop facilement tendance à qualifier d’antinomiques.

 

ABERRATION
de EMMANUEL EGGERMONT
L’ANTHRACITE (FRANCE)

VENDREDI 18 JUIN À 19:30 à L’Ombrière, durée 55 minutes, tarif unique 10€

Après Polis, magnétique pièce de groupe tout en noirs sur fonds noirs (présentée en 2018), Emmanuel Eggermont caresse les nuances infinies du blanc. Un solo à la fois fulgurant et méticuleux, sensoriel et plastique. Pour un hymne vibrant au changement, à l’imaginaire et à la pluralité.

©Jihyé Jung

Une note d’orgue vibre obstinément pendant qu’une aube légère se lève sur un plateau d’un blanc immaculé. D’emblée de hauts stores s’imposent et tracent deux verticales dans cet espace plane et épuré. Une silhouette blanche apparaît au loin. Une image d’adolescent avec son sweat à capuche, son bermuda et ses hautes chaussettes.

Lentement, elle s’avance, accompagnée par les ondulations d’un orgue qui, progressivement, ouvrira sa palette de couleurs, des plus tendres aux plus sombres. Et la figure d’adolescent, elle, de s’effacer subrepticement pour laisser place à un vaste champ d’images et de figures : abstraites, féminines, masculines, animales ; d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui…

Tout en gardant la même attention esthétique et une même qualité d’écriture quasi maniériste, Emmanuel Eggermont trace un parcours étrangement discontinu, qui n’a de cesse de dévier et de nous livrer des fragments qui, à peine apparus, s’échappent, insaisissables.

En ressort une brise d’émotions largement plurielles qui nous traversent continuellement, avant de s’effacer dans une profonde douceur, presque océanique.

 

CELEBRATION
de MARK TOMPKINS
I.D.A. (FRANCE)

VENDREDI 18 JUIN À 21:30 au Jardin de l’évêché, durée 55 minutes, tarif unique 10€

Avec le sort que l’on réserve à nos « vieux » en guise de moteur d’écriture, Mark Tompkins nous offre ici un singulier trio dont il a le secret : une pièce aussi musicale que clownesque et absurde. Vous avez dit nonsense ?

©Gilles Toutevoix

Invité régulier du festival, Mark Tompkins aime fabriquer des « objets performatifs non identifiés » (pour reprendre son expression). Des objets où s’entremêlent, sans hiérarchie aucune, musique, texte, chant et danse. Sans conteste, CELEBRATION est bien de cet acabit.

Seul dans un bac à sable (sic), l’artiste se retrouve flanqué de deux musiciens multi-pistes : le violoncelliste Maxime Dupuis et le vibraphoniste Tom Gareil. De cette cohabitation insolite naît un joli clash des tempéraments – et des générations… Avec un goût affirmé pour l’absurde et l’autodérision ; une once d’acidité en prime.

Car il ne faut pas s’y tromper : la forme décalée de ce trio n’efface en rien le poids des questions qu’il lance à notre société, où la vieillesse tient de l’insulte et rime trop facilement avec rebut. Loin de s’en lamenter, Mark Tompkins et ses deux acolytes jouent davantage la carte d’un certain enfantillage. À leur CELEBRATION de prendre ainsi tous les atours d’un joli pied de nez.

 

GLISSEMENT D’INFINI
de MYRIAM GOURFINK
LOLDANSE (FRANCE)

SAMEDI 19 JUIN À 09:00 au Parc du duché, durée 4h, tarif unique 10€

Baigné dans d’épaisses étendues sonores, Glissement d’infini nous invite à vivre l’étirement du temps. Une chorégraphie tout en vibrations et tressaillements, pour une expérience au plus près des corps, aussi magnétique que méditative.

©Marie Petry

Puisant dans la figure du serpent (sa mobilité et son pouvoir de mue), Myriam Gourfink et quatre autres danseuses signent un puissant éloge à la lenteur, au minimal, et à l’éveil décuplé des sens. Dans une chorégraphie qui glisse et se transforme sinueusement, elles plongent au plus profond d’elles-mêmes pour mieux écouter leurs sensations.

Tout au long de ce lent continuum, à la fois individuel et collectif, rien ne jaillit ostensiblement. Tout reste ici à fleur de peau, de paupière, de lèvre, de doigt… Une subtile invitation à plonger dans les détails de chaque instant, de chaque corps. Car les émotions sont bel et bien débordantes dans ce Glissement d’infini traversé par les intensités sonores de Kasper T.Toeplitz : d’enivrantes oscillations entre vrombissements lancinants et grondements souterrains.

À mille lieues de la logique actuelle qui rêve (toujours) de vitesse et d’abondance, Myriam Gourfink nous propose d’étirer le temps et de goûter autrement à la notion de plaisir. Elle nous emmène ainsi dans un surprenant état, à la fois physique et psychique, dans lequel les sens circulent entre extérieur et intérieur, contemplation et méditation.

 

EMPRISE
de MAXIME COZIC
CIE FELINAE (FRANCE)

SAMEDI 19 JUIN À 19:30 à L’Ombrière, durée 20 minutes, tarif unique 10€

Pour son premier solo, Maxime Cozic entremêle ses différentes racines chorégraphiques : hip-hop, classiques, contemporaines et modern jazz. Alliant souffle et puissance du geste, pulsion et précision de l’écriture, il signe une impressionnante danse, où il est autant question d’emprise que de libération.

©Moise De Giovanni

Sur un plateau nu, un corps agenouillé, immobile. Une nappe sonore rôde autour de ce tableau. La main droite, posée au sol, se soulève lentement, subrepticement. Puis le corps tout entier. D’un coup sec, comme happé par ce paysage sonore qui grandit, s’épaissit. Ou n’est ce pas plutôt une force intérieure qui soudainement l’habite et l’emporte malgré lui ?

En prenant comme point de départ l’idée du lapsus – de mouvements qui lui échappent –, Maxime Cozic dessine ici les premiers pas d’une danse très personnelle, habile entrelacs entre ses différents acquis et héritages. Accélérations vives et couperets acérés, lignes sèches et courbes souples, élans acrobatiques et quiétude d’un geste lent, précis : son langage zappe étonnamment entre différentes rythmiques et qualités. Son corps également jongle avec les images : du bloc de granit à la masse désarticulée, de l’hélice tourbillonnante à la chair vibrante.

Entre rigueur et jaillissement, maîtrise et lâcher prise, Maxime Cozic nous embarque dans une écriture littéralement « habitée » pour, petit à petit, glisser vers une sorte de délivrance, d’apaisement, vers une respiration salutaire dont le souffle voudrait tendre vers l’infini…

 

A D-N
de RÉGINE CHOPINOT
CORNUCOPIAE – THE INDEPENDENT DANCE (FRANCE)

SAMEDI 19 JUIN À 21:30 au Jardin de l’évêché, durée 1h, tarif unique 10€

Avec une grande générosité, avec fragilité et humilité aussi, quatre corps accompagnent l’élasticité du temps. Traversent, caressent l’espace. Et tracent avec finesse les traits d’union qui les relient, au-delà de leurs différences.

©Vincent Lappartient

En guise de point d’amorce à cette pièce, la figure d’Alexandra David-Neel, personnalité hors norme, bouddhiste, anarchiste, féministe, qui a marqué l’histoire en étant la première femme occidentale à s’être aventurée dans le Tibet du début du XXe siècle. Mais que l’on ne s’y trompe pas : A D-N n’a rien du portrait…

Sur un plateau nu, un guitariste emplit l’espace de sonorités amples. Aux alentours de ce point fixe, trois autres corps, trois femmes, trois générations, dessinent une écriture précise, minutieuse, à partir de la marche. À partir du temps aussi, qu’elles étirent ou resserrent. À partir du plateau, dont elles explorent les frontières. Autour du lien, également, qu’elles tissent et détissent, pour mieux se rejoindre dans le geste ou dans l’espace. A D-N. Ces trois lettres ne manquent pas d’évoquer cette molécule à double hélice, présente dans toute cellule vivante, et qui renferme son héritage génétique… Et de fait, avec cette pièce, Régine Chopinot semble tramer les fils de son propre parcours. Que ce soit par l’équipe qu’elle rassemble ici, reflet de relations construites avec le temps ; que ce soient quelques pas, tirés de pièces comme Appel d’Air (1981 – une de ses premières créations) ou Végétal (1995) ; que ce soit encore, ce pantalon noir aux multiples franges que Jean-Paul Gautier lui a offert dans les années 1980… Autant d’invité·e·s qu’elle convie ici, avec une grande simplicité/sérénité, dans un récit des sens au pluriel.

 

Le festival de Danse d’Uzès c’est aussi du cinéma

AU CINÉMA LE CAPITOLE

POREUX – volet 1, de DANYA HAMMOUD (2021)
« Poreux est une série de films documentaires qui se créeront chacun avec une femme d’une génération et d’un contexte différents. Reind est ma première rencontre, et non des moindres. Elle a 8 ans, j’en ai 40. Dans la porosité de cette rencontre, la discussion sur le mouvement glisse imperceptiblement vers une conversation sur le présent, sur les émotions, sur nos choix et actions, sur nos prises de risques, nos résistances et vulnérabilités. » Danya Hammoud

DIMANCHE 13 JUIN À 15:00
durée 42 minutes – entrée libre
suivi d’une discussion avec l’artiste

©L’Heure En Commun

 

PINA, de WIM WENDERS (2011)
PINA est un film pour Pina Bausch de Wim Wenders. C’est un film dansé, porté par l’ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe disparue à l’été 2009.

Ses images nous convient à un voyage au coeur d’une nouvelle dimension, d’abord sur la scène de ce légendaire ensemble, puis hors du théâtre, avec les danseur·euse·s, dans la ville de Wuppertal et ses environs –cet endroit dont Pina Bausch a fait son port d’attache durant 35 ans et où elle a puisé sa force créatrice.

LUNDI 14 JUIN À 18:00
durée 1h43 – tarif unique 5€

 

Maguy Marin, l’urgence d’agir, de DAVID MAMBOUCH (2019)

David Mambouch (fils de Maguy Marin) filme l’histoire de May B – pièce emblématique qui révéla la compagnie il y a 37 ans et qui se joue encore aujourd’hui – et l’histoire vécue de ses protagonistes. À travers May B, c’est la question ultime de ce que nous transmettons à nos enfants que pose le film. Transmission d’une pensée, d’une façon de danser, de se mouvoir dans le monde et dans la cité. Histoire des politiques culturelles, histoire d’un pays, intimité et universalité.

MARDI 15 JUIN À 18:00
durée 1h48 – tarif unique 5€

 

Ballerina, de ÉRIC SUMMER ET ÉRIC WARIN (2016)
**jeune public**

Félicie est une jeune orpheline bretonne qui n’a qu’une passion : la danse. Avec son meilleur ami Victor, qui aimerait devenir un grand inventeur, ils mettent au point un plan rocambolesque pour s’échapper de l’orphelinat, direction Paris, ville lumière et sa Tour Eiffel en construction ! Félicie devra se battre comme jamais, se dépasser et apprendre de ses erreurs pour réaliser son rêve le plus fou : devenir danseuse étoile à l’Opéra de Paris…

MERCREDI 16 JUIN À 15:00

**jeune public**
durée 1h30 – tarif unique 5€

 

ÉTERNELLE JEUNESSE épisode #1 Valence, de CHRISTOPHE HALEB (2020)

ÉTERNELLE JEUNESSE rencontre le chemin des jeunes de Valence, Amiens, Lyon, Paris, Roubaix, Pont-Saint-Esprit, etc., et dresse une nouvelle cartographie des forces et des désirs d’une jeunesse en prise avec son apprentissage, ses frustrations sociales, ses émotions, ses projets d’avenir et ses incertitudes. Cette série met en scène les modes de représentation qui structurent les imaginaires des jeunes aujourd’hui.

SAMEDI 19 JUIN À 15:00
durée 57 minutes – entrée libre
suivi d’une discussion avec l’artiste

 

Infos pratiques :

 

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