Une critique du sport reste-t-elle possible ?

Par Jacques Gleyse, professeur émérite, Université de Montpellier, Laboratoire LIRDEF, EA 3749.

   

Au moment où une super-league de football professionnel réservée au clubs privés milliardaires (cotés en bourse) de ce sport a failli voir le jour, il est bon de s’interroger sur l’histoire et l’anthropologie du sport d’une manière générale pour tenter d’en réaliser à la fois une sorte d’archéologie ou de généalogie mais aussi une critique sociopolitique. Il faut également s’interroger tout autant sur la coupe du monde de football professionnel à Doha ou sur les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Plus généralement il faut se questionner sur les valeurs portées par l’activité sportive compétitive de haut niveau.

La particularité du sport par rapport à bon nombre d’activités humaines c’est qu’il est devenu tellement présent sur la planète et dans les médias de masse ou sur les réseaux sociaux qu’il est devenu incritiquable, indiscutable. Il est massivement considéré comme apolitique et généralement les élus, de droite comme de gauche, tous les journalistes encensent cette pratique. Pourtant, dès son arrivée en France comme activé issue du monde anglo-saxon (on y reviendra), il a été âprement discuté aussi bien sur le plan des pratiques que des valeurs qu’il portait. D’ailleurs, en ce 150e anniversaire de la Commune insurrectionnelle de Paris on pourra constater que ce moment, au travers de certains protagonistes, a été un moment d’affrontement entre les partisans de l’Éducation Physique pour tous et du sport — alors — aristocratique. Il faut revenir sur cette genèse pour mieux comprendre les évolutions et transformations des pratiques d’exercice physique du XIXe au XXIe siècle.

Définir pour distinguer

On ne peut pas parler d’un objet si l’on n’essaye pas au-delà de sa simple dénomination, de le définir ou a minima de le caractériser. Le problème avec le sport c’est qu’on le confond souvent avec n’importe quelle pratique physique. Or, toute pratique physique n’est pas du sport. Par exemple, certains aujourd’hui pensent que la danse est un sport, mais ce n’est pas du tout le cas. Dans toutes les classifications académiques, la danse fait partie des arts. Elle est donc à ranger avec la musique, le théâtre, la peinture, la sculpture et non dans le monde du sport. Or la danse est bien une activité physique. Pourquoi n’est-elle pas une activité sportive ? Tout simplement car le but de la danse n’est pas la compétition, n’est pas le championnat (bien qu’il existe des championnats de danse sur glace qui d’ailleurs dans ce cas deviennent du sport), mais la production de formes corporelles esthétiques individuelles ou collectives. Un spectacle de danse est donc de l’art et pas du sport même s’il est basé sur des prestations physiques ou corporelles.

Qu’est-ce qui fait qu’un sport est un sport ? Il faut qu’il ait plusieurs caractéristiques : d’une part, il doit être une activité physique, cela, il le partage avec le jardinage, le bricolage, la danse, la randonnée, etc.

Il doit, d’autre part, être une activité compétitive : il s’agit d’affronter, directement ou indirectement, un adversaire qui peut être un individu, un collectif, un obstacle naturel et même soi-même, etc. Par exemple, en randonnée pédestre, il n’y a pas vraiment d’adversaire (à part peut-être soi-même), donc ce n’est pas un sport mais une activité physique non sportive. Mais on peut en dire autant de stretching, du body-building (tant qu’il n’est pas compétitif), de la musculation, de la zumba et de bien d’autres pratiques des salles dites « gymnases » ou salles de remise en forme.

Par ailleurs, ses règles doivent être clairement codifiées et ne pas changer à chaque compétition. On ne voit pas un match de foot ou de hand-ball se dérouler avec des règles différentes à chaque compétition. C’est aussi cela qui le différencie de certains jeux que l’on pourra qualifier de non sportifs. Par exemple, lorsque l’on joue au ballon prisonnier, aux quatre coins, à l’épervier, à la balle assise ou à bien d’autres jeux traditionnels français ou pas où que ce soit, aussi bien en cours d’Éducation Physique que dans les cours de récréation, on peut changer les dimensions du terrain, le nombre de joueurs et même les conditions et les règles du jeu. En cela, bien que ce soit une activité physique, bien que ce soit une pratique compétitive, le ballon aux prisonniers ou l’épervier ou les quatre coins ne sont pas des sports car les règles ne sont pas assez strictement codifiées.

Enfin, il y a encore plusieurs critères qui permettent de distinguer le sport moderne d’autres activités physiques comme les Jeux Olympiques helléniques de l’Antiquité ou bien d’autres pratiques rituelles et ritualisées ailleurs, par exemple chez les Mayas, c’est que le sport est selon Allen Gutmann : « sécularisé ». Autrement dit il n’a pas d’aspect religieux à part peut-être le culte de la performance.

Il doit également être institutionnalisé. Autrement dit, il doit y avoir des associations des fédérations d’associations, des fédérations donc sportives nationales et internationales qui organisent ces compétitions physiques. S’il advenait que le ballon aux prisonniers satisfasse à toutes les règles précédentes pour qu’il devienne un sport il faudrait qu’il y ait une fédération internationale de ballon aux prisonniers qui définisse les conditions de compétitions au niveau local, national, international.

C’est ainsi que Pierre Parlebas définit le sport comme : « l’ensemble fini des situations motrices d’affrontement dont les formes compétitives ont été institutionnalisées, codifiées, réglementées » (Parlebas, 1985). Face à cette définition Alain Loret a proposé au contraire d’inclure dans l’ensemble du sport toutes les pratiques physiques en affirmant que : « le sport c’est ce que les gens font quand ils disent qu’ils en font » (Loret, 1987). Ce qui conduisait ce dernier auteur à considérer qu’un individu qui ferait ses courses, remonterait son panier sur 4 étages et dirait : « c’est du sport » ferait considérer les courses et l’ascension de 4 étages comme une pratique sportive. On voit donc le problème que pose cette dernière définition elle ne clôt pas assez l’objet, elle ne le caractérise pas suffisamment pour que l’on puisse discriminer une activité physique non sportive d’une activité physique sportive.

Si Pierre Parlebas donne une définition assez simple et claire de la pratique sportive dans ses Éléments de Sociologie du Sport (1985), Allen Guttmann a depuis longtemps précisé cela au travers de caractérisations précises dans From ritual to record. The nature of modern sport (1979). Selon lui pour qu’il y ait sport il faut que 7 caractéristiques soient présentes : « le sécularisme (voir plus haut), l’égalité (au départ du moins), la spécialisation (il y a autant de pratiques sportives que de techniques du corps), la rationalisation (on comptabilise, mesure, on calcule, on quantifie, on rationalise l’entraînement, etc.), la bureaucratie (il faut qu’il y ait des structures comme les fédérations), la quantification (dixièmes, centièmes, millièmes de secondes, centimètres, mètres, nombres, etc.) et la quête du record (ce qui le distingue des pratiques antiques aussi où il n’y avait pas de records mais seulement des champions demi-dieux) ».

On doit par ailleurs se souvenir de l’étymologie de sport. Le mot après être passé par l’Angleterre : « to sport » (parier originellement sur des chevaux entre autres, puis sur des hommes), nous est arrivé en France par des journaux (Le Mercure de France, le Globe, Le Gaulois, le National et surtout Le Siècle et, bien sûr, Le Sport d’Eugène Chapuis qui présente les courses hippiques) au milieu du XIXe siècle comme une sorte de mode de vie pour la bourgeoisie urbaine (s’habiller sport, être sport, etc.). Viendront ensuite d’autres publications comme La Vie au Grand air, Le Miroir des Sports et quelques autres comme L’Auto, par exemple.

Dans le même temps les classes populaires si elles ont une activité physique, pratiquent des jeux populaires, dits traditionnels (aujourd’hui), comme la Soule ou Choule (affrontement de deux villages dans une forme de rugby sans règles véritables qui fut interdit sous le second empire en raison du nombre trop important de morts et de blessés). Il y a aussi des jeux de force ou d’adresse comme le sont encore aujourd’hui les jeux Highlanders ou les Jeux de la force basque et bien sûr des jeux de balles comme le jeu de paume (mais il peut être aristocratique ou nobiliaire) ou les jeux de balles basques ou de tambourin, etc. Exceptionnellement les classes populaires peuvent aussi pratiquer des gymnastiques mais ce sont surtout les ouvriers spécialisés urbains qui peuvent se permettre ces distractions à partir du milieu du XIXe siècle.

Le mot sport doit étymologiquement être rattaché à l’ancien français « se desporter » qui signifie, pour faire vite : se distraire. Ainsi dans Gargantua de Rabelais, celui-ci « se desporte » en jouant aux dès, ou à toutes sortes d’activités ludiques.

Antérieurement encore, ce mot peut être relié comme transport, export, déporter, déport, au latin portus qui simplement signifie un port en tant que lieu de passage de marchandises. Se déporter à l’époque médiévale et à la Renaissance c’est donc à l’instar de Gargantua d’une certaine manière changer de lieu au sens de se changer les idées.

Des aristocrates et des communards dans le « sport »

Comme on l’a compris deux types d’activités physiques sont en présence à la fin du XIXe siècle. Les jeux et les gymnastiques qui sont plutôt présents dans la culture populaire et les sports (l’international board est créé en 1866) qui viennent d’Angleterre au travers des premiers clubs (Le Havre Athlétic Club) sportifs français à partir de 1872 et notamment par des échanges entre étudiants anglais et étudiants français autrement dit la bourgeoisie intellectuelle française (et anglaise) de l’époque. Les classes défavorisées ne vont pas du tout à l’université, quasiment pas dans les collèges royaux et les lycées impériaux et peu dans les écoles essentiellement religieuses, avant les lois de 1880-82.

Dans cette partition classiste, le moment de la Commune Insurrectionnelle (1871) de Paris n’est pas sans influence sur les pratiques d’activités physiques et sur la question du sport, on va le voir.

Le grand gymnase Paz

 

L’Union des sociétés de gymnastique de France est fondée le 28 septembre 1873 par Eugène Paz, fils d’instituteur, professeur au Lycée Condorcet, puis à l’École Normale d’Auteuil. Celui-ci n’est pas favorable et même très réservé sur la notion de compétition. Les sociétés de gymnastiques, dans une filiation militaire issue de l’Ecole Nationale de Joinville, visent surtout à former de futurs soldats suite à la défaite de 1870 et portent des noms significatifs « La Nationale », « La Revanche », etc. Elles seront associées aux Bataillons scolaires entre le 6 juillet 1882 et 1891 (préparation militaire dans les écoles).

Au cours de la Commune Insurrectionnelle de Paris et même à la fin du second empire, les premiers gymnases servent de salles de réunion discrètes pour les révolutionnaires et les républicains (issus de la IIe République de 1848), qui veulent mettre à mal l’Empire, au même titre que les arrière-salles de cafés.

Exemple de photo de bataillon scolaire, école de la marine

 

Au moment de la Commune Insurrectionnelle de Paris, alors que depuis 1869 un texte a proposé que la gymnastique puisse être obligatoire pour tous les garçons dans les établissements secondaires, le Comité de la Commune propose, lui, que l’Éducation Physique soit obligatoire pour tous : garçons et filles et dans toutes les écoles du pays. Paschal Grousset (alias, Philippe Daryl et alias Andrée Laurie, 1844-1909), personnage d’une grande importance pour le monde de l’Éducation Physique et de la littérature de jeunesse est, pendant les 71 jours de la Commune, Ministre des Affaires Extérieures, à l’âge de 27 ans. Il passera près de la mort durant la semaine sanglante et sera déporté avec Louise Michel, entre autres, en Nouvelle-Calédonie dont il s’échappera dans une évasion rocambolesque avec l’appui de ses sœurs vivant en Grande-Bretagne. Xavier Noël en a réalisé une biographie quasi exhaustive (voir ci-dessous).

La couverture de l’ouvrage de Xavier Noël sur Paschal Grousset

 

Lors de l’amnistie générale des Communards (1880) défendue par Victor Hugo, Paschal Grousset revient en France et dès lors va se battre pour une Education Physique pour tous qu’il distingue très clairement du sport anglais qu’il ne valorise pas du tout. À partir de 1880 et même antérieurement lors de son séjour auprès de ses sœurs à Londres, il commencera à publier des ouvrages de littérature, après avoir découvert entre 1874 et 1880 les lycées anglais (dont il conservera toujours une piètre opinion sur le plan des valeurs élitistes), il deviendra « le nègre » de Jules Verne et publiera en son nom sous le pseudonyme d’André Laurie plusieurs romans dont Spiridon le maudit ou encore des articles dans le journal Le Temps sous le pseudonyme de Philippe Daryl. Ces articles portent tous sur la question de l’Éducation, de l’Éducation physique et du sport. Ils seront regroupés sous le titre La Renaissance physique dans un ouvrage paru en 1888. Il s’affrontera au Baron Pierre Frédy de Coubertin sur la question de la création de Jeux Olympiques qu’il propose bien avant le Baron mais sur une tout autre modalité.

Mais, le 1er juin 1888, est créé par les “Versaillais”* sous la houlette de Jules Suisse dit Simon (1814-1896), proche d’Auguste Thiers : le Comité pour la propagation des exercices physiques. Il a pour secrétaire Pierre Frédy baron de Coubertin. Ce comité est créé non pas pour développer l’Éducation Physique pour tous mais bien plutôt pour développer un sport d’élite et élitiste, quasi aristocratique, ce qui sera la base idéologique du sport, bien avant de devenir un, ainsi dit : « sport pour tous ». La composition (les membres sont quasiment tous anti-dreyfusards) du comité ne trompe pas.

On y trouve bien sûr à sa tête Jules Simon (ministre de l’Instruction publique de Thiers, opposé aux lois laïques). Les membres en sont :

  • Georges de St Clair (issu d’une famille d’aristocrates anglais),
  • Godard directeur de l’école Monge (école privée, laïque, très onéreuse, construite par Eiffel où Pierre De Coubertin gérera les activités sportives),
  • Le Prince Georges Bibesco, Hospodar de Valachie, époux de Valentine de Riquet de Caraman,
  • Le vicomte de Janzé (riche banquier parisien),
  • Marcel Labbé, qui publiera le Traité d’EP de 1930 et sera un proche des Croix de Feu et eugéniste notoire,
  • Les généraux Barbe, Thomassin et Lewal (ancien ministre de la guerre, proche de Thiers au moment de la répression de la Commune et de la semaine sanglante),
  • Georges Picot, de l’Institut des sciences morales (rédacteur, plus tard, de La Lutte contre le socialisme révolutionnaire et de L’Usage de la liberté, mais aussi d’un éloge de Jules Simon),
  • Frédéric Rieder directeur de l’école Alsacienne (très conservateur, même si l’École alsacienne elle ne l’est pas, à part au plan moral)
  • Le baron Pierre de Frédy de Coubertin (secrétaire du Comité).

Face à cette création l’ancien ministre des Affaires extérieurs de la Commune réplique en créant la Ligue Française d’Éducation Physique, dans le prolongement de l’Union Française des Sociétés de Gymnastique, le 14 octobre 1888, soit quelques mois après. Là aussi la composition dit tout au plan sociopolitique (on retrouve le plus souvent des dreyfusards). Les membres fondateurs sont :

  • Jean Macé (Créateur de la Ligue de l’enseignement, Franc-Maçon du Grand Orient de France, ami du ministre de la Guerre de la Commune),
  • Alexandre Dumas (auteur marqué à Gauche, proche d’Émile Zola)
  • Michel Bréal (bras droit de Jules Ferry),
  • Ferdinand Buisson (dreyfusard, membre de la Ligue permanente de la paix, laïc convaincu, Prix Nobel de la paix — 1927 —, chef de cabinet de Jules Ferry : auteur du monument républicain qu’est le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, il écrit l’article : laïcité)
  • Fernand Lagrange, docteur, personnalité de gauche bien connue dans les milieux de l’Éducation physique,
  • Etienne-Jules Marey (Professeur au Collège de France, marqué à gauche),
  • Louis Pasteur (rationaliste et athée),
  • Alexandre Millerand (socialiste, siégeant à l’extrême gauche à l’Assemblée, futur Président de la République),
  • Octave Gréard (collaborateur proche de Jules Ferry, ex-ministre),
  • Jules Verne et Jean Richepin (tous deux à gauche, le dernier est l’auteur, entre autres, de La Chanson des gueux, en 1876).

On voit que dès l’origine deux mondes de l’activité physique s’affrontent. Celui de l’Éducation physique (pour tous à l’école) et celui du sport pour une élite plus ou moins aristocratique. En réalité, il s’agit également de deux idéologies politiques qui s’affrontent au travers du monde des pratiques physiques et que l’on retrouvera tout au long du XXe siècle. D’un côté, celui de la pratique d’activités physiques pour tous et, de l’autre, celui du sport d’élite.
Pour bien comprendre ce qui se joue au plan idéologique dès l’origine voici ce que le baron Pierre Frédy de Coubertin dit de la Commune insurrectionnelle de Paris :

« L’insurrection communiste éclata à Paris, elle comblait la mesure de nos infortunes. Malgré les tentatives […] faites depuis pour donner à ce mouvement un caractère socialiste et humanitaire qu’il n’eût jamais, le temps qui atténue tant les choses, n’a rien enlevé de l’horreur aux sombres souvenirs de 1871. L’assassinat des généraux Lecomte et Clément Thomas, le Second siège de Paris, les orgies et les bouffonneries de la Commune, les massacres des derniers jours et cette fin immonde et bestiale dans le sang et dans le pétrole, passèrent sur la France comme un cauchemar »[1].

On doit ici se rappeler qu’à l’inverse de ces propos Paschal Grousset fondateur de la Ligue Nationale (qui va devenir rapidement « Française ») d’Éducation Physique fut le ministre des affaires extérieures de la Commune Insurrectionnelle. Il trouvera très vite un allié de poids dans le fondateur de la Ligue Girondine d’Éducation Physique, le docteur Philippe Tissié (créateur également des Lendits scolaires ou périscolaires). L’union des deux Ligues donnera la Ligue Française.

Voici les quelques points des statuts de la Ligue Française d’E.P.

“La ligue de l’Éducation physique a pour objet :

1er De développer gratuitement dans toutes les écoles de tous ordres la force et l’adresse de ceux qui devront un jour le service militaire au pays, la santé vigoureuse d’où dépend l’équilibre intellectuel et moral

3e D’introduire dans les établissements d’instruction primaire, secondaire et supérieur, à côté des exercices méthodiques de la gymnastique classique, les jeux de plein air et les récréations actives […]

5e D’étudier, […] de déterminer dans quelle mesure ils doivent être appliqués à l’éducation des jeunes filles”[2]

Contrairement au Comité qui propose de pratiquer les sports anglais, comme cela a été précisé plus haut, la Ligue propose au contraire de pratiquer des jeux français et des pratiques d’exercices gymnastiques français. En effet si Grousset est d’accord pour des pratiques physiques pour tous, le sport ne lui semble pas bien indiqué au plan des valeurs véhiculées.

« Il y a urgence à donner à nos enfants, à tous les enfants […] le bain quotidien et l’exercice musculaire […] cet exercice pour être pratiqué avec suite doit être amusant et constituer une récréation ». (Daryl, La Renaissance, p. 252).

Moralement les sports anglais ne sauraient convenir :

« Nous ne parlons pas des très sérieux inconvénients moraux que peut avoir cette misérable idée de sport, introduite dans les mœurs scolaires, du pari et des vices anglais venant à la suite […] il ne s’agit à aucun prix de semer dans nos lycées de la graine de bookmakers… les chefs d’établissements feront donc sagement en fermant leur porte au sport comme ils la ferment au tabac, aux livres pornographiques ». (Daryl Philippe, Le Temps, 16 février 1890, Paris, p. 10)

« Il conviendrait en tout état de cause de ne pas adapter ces jeux tels quels et sous leur nom anglais qui est une usurpation » (p. 171).

Et lorsque Paschal Grousset dans La Renaissance physique propose de réinstaurer des Jeux Olympiques, une douzaine d’années avant le Baron Pierre Frédy de Coubertin, il ne le fait pas en pensant au record, au dépassement de soi mais bien dans une perspective de pratique physique pour tous.

Le dernier article qu’il écrit dans le journal Le Temps et qui clôt La Renaissance Physique[i][3] intitulé « Une République vraiment athénienne », affirme : « Jeux Olympiques : le mot est dit. Il faudrait avoir les nôtres »[ii][4]. Ces Jeux Olympiques, dont Paschal Grousset semble avoir eu l’idée le premier, ne sont pourtant pas ceux de Pierre de Coubertin mais bien des Jeux pensés dans la perspective de renforcer la République en faisant émerger « des agonothètes ou chefs de jeux publics » et non en promouvant des champions sportifs et des records. C’est dès 1888 que Grousset fait cette proposition. Il affirme même : « Pourquoi pas cette année même »[5][iii].

Pierre Frédy de Coubertin tout au contraire prône l’élitisme et rejette tout ce qui est favorable à la masse au plus grand nombre.

« Vous n’y croyez pas aux carrières que l’on se fait soi-même parce que vous songez à ces premières bouffées d’air pur qui grisent le collégien rendu à la liberté […], ce ne sont point des administrés et des subordonnés, mais des hommes libres que nos maîtres doivent former […] ce nivellement égalitaire […] ne fait que porter au sommet tant de médiocrité. Dans l’éducation et même plus qu’ailleurs, il y a des inégalités nécessaires. Renonçons donc à cette dangereuse chimère d’une éducation égale pour tous »[6]

Il écrit au contraire que le sport est un combat pour la vie :

« Que le sport constitue une chance de succès dans le struggle for life et il s’imposera sans peine »[7].

Mais aussi :

« Résignez-vous donc, vous tous adeptes de l’utopie contre-nature de la modération à nous voir continuer de mettre en pratique la devise donnée par le père Didon jadis à ses élèves et devenue celle de l’Olympisme Citius, Altius, Fortius »[8].

Ou encore :

« Le sport c’est une école d’audace, d’énergie et de volonté persévérante. Par son essence, il tend vers l’excès ; il lui faut des championnats et des records et c’est sa belle et loyale brutalité qui fait les peuples forts et sains »[9]

On voit là que depuis longtemps deux visions s’affrontent dès l’origine de la création des ancêtres des fédérations sportives. Une vision élitiste et compétitive et une vision, pour le dire vite, éducative, de loisir et de masse.

Il faut savoir que si le Comité aura pour héritier l’ensemble des fédérations sportives dont l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, dès 1889, puis les deux premières fédérations mono sport : le football rugby et le football Association (à partir de 1921), la Ligue, d’une certaine manière, aura pour légataires d’une part, l’Éducation Physique scolaire et ses appendices : l’Union Nationale du Sport Scolaire, la Fédération Nationale du Sport Universitaire mais aussi l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier Degré et, d’une certaine façon : l’Union Françaises des Œuvres Laïques d’Éducation Physique et davantage encore : la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire, 6e fédération Française de pratique physique en 2020 avec 530 000 licenciés et 6 800 clubs ou gymnases affiliés, après le football (2,2 millions), le tennis (979 000), l’équitation (617 500), le judo-jujitsu (563 000) et le handball (550 000).

Le XXe siècle sportif… et politique ?

Au XXe siècle, dans la lignée de la Ligue Française, les critiques du sport de compétition élitiste se poursuivront sous la plume de nombreux auteurs. Ainsi en est-il de Georges Demenij (inventeur du cinématographe avant les frères Lumières, 1850-1917) qui écrit :

« Le but que l’on se propose en s’exerçant a une influence morale très grande. […], si le but est de se perfectionner, si l’on cherche un résultat utile, comme conséquence, on élève l’âme […] si l’on envisage que les prix à remporter, la vaine satisfaction d’être champion ou recordman et si, pis encore, on se surmène pour gagner des sommes d’argents et être professionnel de l’athlétisme, tout l’effet moral est changé »[10].

Un auteur assez méconnu qui pourtant fonda le Collège d’Athlètes de Reims, avant la 1re guerre mondiale où il s’agissait d’entraîner les athlètes français pour les Jeux Olympiques de Berlin de 1916 (collège détruit au tout début de la guerre de 14-18) et qui publia des ouvrages jusque dans les années 1950, Georges Hébert (1875-1957) et entraîna de nombreux athlètes, écrit en 1925, après ces expériences un ouvrage qui fait grand bruit, au moment de l’essor des Jeux Olympiques et des compétitions internationales : Le Sport contre l’éducation physique. Voici ce qu’il dit du sport :

« Tant que le sport reste dans une mesure convenable, il est bienfaisant […] Dès qu’il dépasse cette mesure pour atteindre l’outrance, ce qui arrive fatalement [je souligne], il a des conséquences néfastes […] son exagération réveille les sentiments égoïstes et dominateurs […] il est malfaisant moralement […] dès qu’il devient un but en lui-même […] il ne peut plus prétendre à une action éducative, il n’est plus […] qu’un méfait social ».

Pourtant dès les années trente on peut affirmer que les critiques du sport de compétition, élitiste, professionnel ont déjà perdu la bataille des idées et des pratiques. En effet, ce ne sont pas les Jeux Olympiques souhaités par Paschal Grousset qui se développent mais bien ceux du Baron Pierre Frédy De Coubertin fondés sur le : « toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort » et où, à la fin, il ne doit en rester qu’un.

Déclaration du Komintern

Le sport devient de plus en plus populaire, en témoigne, par exemple, la création du Brevet Sportif Populaire par décret du 10 mars 1937, justement sous le Front Populaire.

En 1924 déjà, le Komintern (organisation communiste soviétique internationale) avait appelé les prolétaires de tous les pays à s’approprier le sport « bourgeois », mais sans en changer les règles et les valeurs.

Pour autant, les critiques sur l’aspect élitiste, professionnel et bourgeois du sport ne tariront pas.

L’apogée de cette scission entre un sport dit bourgeois, élitiste et un sport prolétarien, pour tous, aura lieu en 1936. En effet, si les organisations ouvrières internationales proposent une Olympiade en quelque sorte prolétarienne à Barcelone (Jeux de la fraternité), c’est le parti Nazi avec à sa tête Adolf Hitler qui organisera les Olympiades officielles que soutiendra le Comité International Olympique (qui n’a pas confiance en la IIe République espagnole) au sein duquel siège toujours un baron Pierre Frédy de Coubertin influant bien que proche de la mort.

On sait ce qu’il adviendra de ces jeux de propagande Nazi et d’apologie du Fürher au stade Karl Diem de Berlin mais aussi d’événements inattendus au travers des performances d’un homme à la peau noire : Jesse Owens.

 

 

 

Affiches de l’Olympiade populaire de Barcelone et des jeux de Berlin

 

La deuxième guerre mondiale stoppera l’essor du sport de compétition plus ou moins professionnel (même s’il ne dit pas son nom). La guerre froide qui s’installe prive l’URSS et le bloc soviétique de Jeux Olympiques jusqu’en 1952 montrant ainsi encore une fois tout l’aspect politique et idéologique du sport.

Les critiques du sport de haut niveau, pour autant ne cesseront pas même si à partir de cette époque le sport populaire est promu, entre autres, par la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (proche du Parti Communiste Français, très influent au début de la 2e moitié du XXe siècle) dans la lignée des propositions du Komintern de 1924. Ainsi, un Inspecteur de l’Éducation Nationale écrit-il :

« Pédagogiquement aussi il est faux de considérer un seul centre d’intérêt : la compétition, élément fondamental du sport. Pourquoi, par exemple, l’entraide ne prendrait-elle pas autant d’importance que la compétition ? » (Seurin & alii, 1949, p. 9).

« Le principe majeur du sport est l’effort maximum pour la victoire […] et l’adaptation du sujet à des conditions indépendantes de lui (définies par des règlements). Techniquement donc et psychologiquement, l’éducateur qui prétend faire de l’éducation physique par le sport (et plus étroitement encore par le basket, le football, l’athlétisme même) s’emprisonne au point de départ dans une difficulté inutile. »

Dès lors les critiques de l’activité sportive vont porter soit sur l’aspect éducatif, pour certains il n’est pas du tout éducatif, soit sur l’aspect politique au sens strict et notamment lorsque des évènements sportifs se déroulent dans des dictatures ou des pays à la démocratie discutable.

Les critiques pédagogiques sont souvent tenues par des médecins à l’instar du Docteur Le Boulch qui écrit notamment que :

« À la limite chez beaucoup de sportif le corps est devenu une machine à produire des performances […] cette poursuite presque obsessionnelle de la performance et du record […] se manifeste chez des pratiquants plus modestes pour lesquels le champion reste un modèle. Mais ce modèle qu’est le champion reste inaccessible pour la plus grande masse de la population. […] au lieu d’une véritable formation par l’activité sportive on constate de plus en plus une centration de la motivation sur le résultat plus que sur l’aspect formateur et cela en fonction de l’hypothèse contestable que plus les résultats sont élevés et de haut niveau, meilleure est la formation qui en résulte. Nous ne partageons pas du tout ce point de vue. » (Le Bouch, 1971, p. 34).

D’autres, plus tardivement, comme Jacques Personne écriront des ouvrages tel : Aucune médaille ne vaut la santé d’un enfant (1987).

Les boycotts des coupes du monde et des J.O.

Mais une critique du sport freudo-marxiste va s’installer après les évènements de 1968 et la parution d’un numéro spécial de la revue Partisans (numéro 43, 1968) : Sport, Culture et Répression qui, finalement, reprend la critique idéologique où Paschal Grousset, Georges Demenij ou Georges Hébert l’avaient laissée. Jean-Marie Brohm, professeur de sociologie, l’un des membres de ce mouvement international qui participera à plusieurs émissions télévisées affirme ainsi que :

« Le sport est un système de domination sur les individus, par la médiation des corps » (Brohm, 1976, p. 111).

« Le corps sportif est un corps machine un corps robot, un automate fonctionnel » (p. 118)

« Le fait sportif, [est] indissolublement lié au mode de production capitaliste, à son essor expansionniste impérialiste du début du siècle » (idem).

Ce mouvement conduira, entre autres, à un immense débat national et international sur la tenue de la Coupe du Monde de football en Argentine pendant que la junte militaire est au pouvoir et torture dans les stades où les matches vont se jouer quelques heures après, ses opposants.

 

Ce mouvement mènera à d’importants débats pour savoir si la France (Platini, Rocheteau, etc.) devait ou non participer à cet événement. Michel Hidalgo alors entraîneur affirme qu’il faut participer pour pouvoir dénoncer sur place la dictature et la contraindre à arrêter les tortures. En fin de compte les joueurs de l’équipe de France se rendront à Buenos-Aires et, bien sûr, ne pourront rien faire pour ne serait-ce que freiner les exactions de la dictature. D’ailleurs une fois la compétition lancée plus personne ne parlera des opposants politiques torturés pourtant quelques heures avant dans les stades où se jouent les parties de football professionnel.

Le mouvement de boycott se poursuivra pour ce qui concerne les Jeux Olympiques de Moscou. Cette fois, c’est le régime soviétique et la guerre en Afghanistan qui sont visés.

 

Des athlètes comme Philippe Dien ou José Marajo soutiendront le boycott et trois fédérations décideront de ne pas se rendre à Moscou.

À la suite, d’autres campagnes auront lieu concernant le boycott des Coupes du monde de football professionnel ou des Jeux Olympiques mais qui ne trouveront finalement que peu d’écho dans le monde médiatique. Des parutions critiques sur le sport de haut niveau notamment seront relativement nombreuses, sous la plume de Jean-Marie Brohm (Sociologie Politique du Sport, Les Meutes sportives), Michel Caillat (L’Idéologie du sport en France, Sport et Civilisation – Histoire et critique d’un phénomène social de masse, Sport : l’imposture absolue, Idéologies nouvelles du corps, le corps mystifié), Fabien Ollier (La maladie infantile du Parti Communiste Français : le sport, Le livre noir des JO de Pékin), mais toutes ces publications ne trouveront guère d’écho aussi bien dans la population générale que dans les médias de masse, l’un allant d’ailleurs avec l’autre. L’idéologie sportive et sportive a de facto remporté la guerre des valeurs, des pratiques et des discours.

Peut-on encore critiquer le sport aujourd’hui ?

Très clairement, la critique sociopolitique de l’activité sportive compétitive de haut niveau semble avoir totalement disparu de notre monde.

Pourtant les 6500 morts dans la construction des stades au Qatar devraient nous interroger tout autant que la création d’une super league de football professionnel pour clubs de multimillionnaire cotés en Bourse… De même, devrait-il en être des sommes monstrueuses mobilisées pour les différentes manifestations sportives qui, finalement, ne profitent qu’à peu de monde. Ainsi les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro tout autant que la coupe du Monde de football professionnel au Brésil n’ont généré que des dépenses somptuaires et parfois totalement inutiles pour l’État fédéral et pour les villes organisatrices dans un pays où l’État aurait tant besoin de ressources pour lutter contre l’immense pauvreté des favelas.

La piscine olympique de Rio de Janeiro tombe déjà en ruine et n’est plus utilisée (les plages de Copacabana et d’Ipanema sont juste à côté), car elle n’entre pas dans la « culture de plage » du Brésil.

Il en va de même de la plupart des installations sportives qui n’auront eu d’usage que pour quelques milliers d’athlètes.

Les stades et parkings de Manaus et Natal qui n’accueillaient avant la Coupe du Monde de football professionnel que des équipes de niveau 4e division nationale au Brésil et regroupaient au mieux 3 000 ou 4 000 spectateurs, sont quasiment inutiles et inutilisés.

L’un des édiles de Manaus affirme à la suite de la Coupe du Monde : « On a payé et les bénéfices sont pour la FIFA et pour d’autres après… On aura donc payé 300 millions pour 11 jours et 4 matches ». En effet, le stade payé par les contribuables a été revendu à un consortium privé pour une somme dérisoire. Il en va de même à Natal voici par exemple une photo du public lors d’un match de foot en février 2015.

Le stade va être vendu lui aussi à un consortium privé qui est sous le coup de d’inculpation de corruption dans l’affaire Lava Jato (Petrobras) qui avait conduit à la condamnation, aujourd’hui totalement remise en cause, de l’ancien président Ignacio Lula Da Silva.

Peut-être, donc, à la suite de ces évènements relativement récents faudrait-il se poser la question, d’une part, d’une possible poursuite d’une critique de la pratique sportive (essentiellement de haut niveau) et, d’autre part, de la mise en place d’évènements gigantesque comme les Jeux Olympiques de Tokyo ou ceux de Paris et, bien sûr, de la coupe du Monde de Football au Qatar. Si c’est la question de l’écologie et de l’utilité qui doivent être mises au centre de la critique des J.O. de Tokyo et de Paris c’est comme pour la Coupe du Monde en Argentine et pour les Jeux Olympiques de Moscou la question du régime de Doha qui doit être interrogée pour ce qui est de la Coupe du Monde de football professionnel.

Enfin, il faudrait se rendre à l’évidence que ces évènements n’enrichissent que les multinationales olympiques et footballistiques et jamais les pays organisateurs. En tout état de cause, dans un monde clos et dans une planète en délabrement écologique il conviendrait de se demander quelle est l’utilité de ces grandes messes (De Coubertin définit le sport comme : « la religion de l’excès »). Surtout, il conviendrait de se demander si les milliards dépensés pour ces quelques heures de fête sportive ne seraient pas mieux utilisés en allant vers : « le sport pour tous » ou plus simplement vers une activité physique modérée hygiénique et hédonique de l’ensemble de la population. C’est-à-dire davantage vers les petits clubs amateurs et les salles de remises en forme ou les fédérations sportives non compétitives comme la FFEPGV. Mais au fond c’est la question du sport capitalistique et du sport durable qui devrait être ici débattue.

Lorsque l’on sait suivant un article récemment paru dans le Journal of Public Health[11] que les personnes qui avaient une pratique physique régulière ont présenté beaucoup moins de cas graves de Covid que celles qui n’en avaient pas, on peut se demander si les milliards orientés essentiellement vers une « musculocratie » souvent de multimillionnaires ou même de milliardaires est un bon choix pour l’immense masse des populations humaines ?

 

N.D.L.R. : *Lors de la Commune de Paris “Les Versaillais”, opposants à la Commune, sont dénommés ainsi car ils étaient installés à Versailles.

 

[1] Coubertin, Pierre (de), L’Évolution Française sous la IIIe République, Paris, p. 22.

[2] Statuts cités par Tissié, Philippe, L’Éducation physique au point de vue historique, scientifique, technique, critique, pratique et esthétique, Paris, 1901, p. 24.

[3] Daryl, Philippe [alias de Paschal Grousset] La Renaissance physique, Paris, 1888, p. 256.

[4] Daryl : La Renaissance, op. cit.

[5] Daryl : La Renaissance, op. cit.

[6] Frédi P. (Baron de Coubertin) L’Éducation en Angleterre. Collèges et Universités, Paris, 1888, p. 28-324-326.

[7] Frédi P. (Baron de Coubertin) La Gymnastique utilitaire. Sauvetage — Défense — Locomotion, Paris, 1905, P. V.

[8] Frédi P. Leçons, Paris, p. 45, note.

[9] Frédi P. (Baron de Coubertin) : Discours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’Hiver, Chamonix, 5 février 1924. Message Olympique, 32, 1992, p. 5.

[10] Demenij G. Pédagogie générale et mécanisme des mouvements, Paris, 2e éd. 1922, p. 164.

[11] https://link.springer.com/article/10.1007/s10389-020-01468-9

 

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