La bande dessinée Nellie Bly, ou l’histoire de la première femme reporter des Etats-Unis

Médecins, députées, sénatrices, avocates, enseignantes, pilotes d’avion, préfètes aujourd’hui sont entrées dans le domaine du normal et pourtant, il en fallu des luttes pour que ces femmes puissent accéder à ces métiers réservés aux hommes à l’époque où le rôle de la femme se résumait à se marier, enfanter et tenir une maison et un budget.

En luttes communes, tels les grands mouvements féministes des années 70 ou bien par la seule volonté d’une femme qui casse les codes et réussit à s’imposer dans un univers exclusivement masculin, elles ont bousculé le patriarcat. C’est le cas de Elisabeth jaune Cockrane dite Nellie Bly, première femme grand reporter aux Etats-Unis.

La bande dessinée Nellie Bly “dans l’antre de la folie” de Virginie Ollagnier et Carole Maurel retrace une partie du parcours de cette femme pionnière du journalisme d’investigation qui lui vaudra la postérité.

 

La première femme à faire un reportage clandestin

Nellie Bly est complètement folle. Sans cesse, elle répète vouloir retrouver ses « troncs ». Personne n’arrive à saisir le sens de ses propos, car en réalité, tout cela n’est qu’une vaste supercherie. Nellie cherche à se faire interner dans l’asile psychiatrique de Blackwell à New York dans le but d’y enquêter sur les conditions de vie de ses résidentes. Y parvenant avec une facilité déconcertante, elle découvre un univers glacial, sadique et misogyne, où ne pas parfaitement remplir le rôle assigné aux femmes leur suffit à être désignées comme aliénées.

Un travail de reconstitution sur le vrai reportage de Nellie Bly

Cette bande dessinée offre aux lecteurs un graphisme simple, élégant, assez sombre, avec une prépondérance volontaire à la narration. Les auteures ont à la fois voulu mettre en avant cette femme pionnière mais aussi ce passage en particulier de sa vie qui durera dix jours pour montrer le sort des femmes que l’on faisaient passer pour folles afin de purement et simplement se débarrasser (femme adultère, ou personne âgée qui devient une bouche de trop à nourrir, ou de « mauvaise vie »).

Les auteures dévoilent de manière glaçante la violence dans l’asile de la part des infirmières et le peu de cas que font les médecins de ses patientes déclarées « folles » par l’arbitraire, d’un père, d’un fils, d’un mari.

En bonus dans la bande dessinée, une interview par Aurélien Ducoudray, directeur de la collection Karma, des deux auteures permet au lecteur de se plonger un peu plus dans l’antre de la folie et offre une mise en perspective intéressante sur le travail de recherche et de préparation tant sur la reconstruction historique que sur les écrits de Néllie Bly afin de coller au plus proche de la réalité.

 

Une œuvre à découvrir absolument tant pour le personnage que pour la maltraitance institutionnelle des femmes au 19e siècle aux Etats-Unis.

 

Nellie Bly « Dans l’antre de la folie », de Virginie Ollagnier-Jouvray et Carole Maurel, éditée par Glénat dans la collection Karma, 176 pages. 22 euros.

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