Madeleine Brès, première femme médecin était Gardoise
Amoureux de la philatélie, le 18 janvier prochain, une Gardoise et plus particulièrement une Bouillarguaise va être mise à l’honneur, la Poste sort en effet un timbre à l’effigie de Madeleine Brès, première femme médecin en France, retour sur une femme oubliée mais qui de par sa volonté a changé le cours de médecine.
C’est en 1842 que naît près de Nîmes, à Bouillargues, cette fille de charron.
Très tôt, vers l’âge de huit ans, elle accompagne aux hôpitaux de Nîmes. Loin de rebuter la jeune fille, au contraire elle se prend de passion pour ce qui allait devenir son métier. Aidée par une nonne qui lui prête un grand tablier blanc, elle commence à prodiguer quelques soins.
En 1854, les activités de son père font déménager la famille Gebelin à Paris. Ce déménagement allait être le déclencheur involontaire d’une série de controverses qui allait ouvrir aux femmes la possibilité de devenir médecin.
A l’instar des femmes de son époque Madeleine Bres qui s’appelle encore Gebelin son nom de jeune-fille, se marie à l’âge de 16 ans. De cette union, naîtront quatre enfants.
Malgré son mariage et ses enfants, son souhait de devenir médecin ne l’a pas quittée et son parcours pour obtenir son diplôme va se faire dans la douleur.
À Paris, la jeune Madeleine en 1866 va voir celui qui allait devenir son mentor, le médecin chef Charles-Adolphe Wurtz, doyen de la faculté de la médecine de la Sorbonne. « Je désire me consacrer à soigner les femmes et les enfants ; je viens M. le Doyen, vous prier de vouloir bien m’autoriser une inscription pour obtenir le diplôme de docteur en médecine »
Cette audace lui vaut la « protection « du professeur qui va l’accompagner dans sa démarche et durant toute « scolarité »
Celui-ci étonné de la demande et du culot de la jeune femme, lui demande si elle dispose des diplômes requis pour « faire sa médecine ». La réponse de Madeleine Bres est évidemment non. Il lui propose alors de passer son baccalauréat ès sciences (qui n’a été ouvert aux femmes qu’en 1861) et de revenir le voir. Loin de se décourager, et alors qu’il n’existe d’institut pour former les « filles au précieux diplôme, elle l’obtient en candidate libre.
Chose faîte, elle retourne voir le professeur Wurtz. Celui-ci favorable à l’entrée des femmes dans le monde du travail, il est appuyé par Victor Duruy, alors ministre de l’instruction publique et partisan de l’éducation des jeunes filles. Aidée, c’est un hasard heureux qui va donner sa chance à Madeleine son inscription est acceptée car ce jour-là, le conseil des ministres est présidé … par une Femme l’Impératrice Eugénie. Cette dernière se référant à une loi du 19 ventôse an XI proclamant la liberté du travail, obtient que soit acceptée l’inscription de Madeleine Brès à la faculté de médecine après délibération en Conseil des ministres.
Une inscription, mais pas d’internat, ni d’externat pour l’étudiante
Malgré son inscription, la mentalité très conservatrice de l’époque lui vaut un refus pur et simple de faire son internat à l’Assistance publique hôpitaux de Paris plus connu sous le nom de l’AP/HP.
Paradoxalement, c’est la guerre Franco prussienne en 1870 qui lui permettra de si ce n’est de faire son internat, de devenir néanmoins « interne provisoire » à l’hôpital de la Pitié dans le service du professeur Broca, les hommes étant partis à la guerre.
Simultanément, c’est dans le laboratoire du professeur Wurtz qu’elle écrit sa thèse de doctorat « De la mamelle et de l’allaitement ». Le 3 juin 1875 elle est reçue avec une mention « extrêmement bien », à l’âge de 33 ans.
Par la suite, elle se spécialise dans la relation mère-bébé et plus précisément dans le domaine de l’hygiène des jeunes enfants.
La ville de Paris lui confère la charge de former les directrices et le personnel des écoles maternelles, crèches et garderies des vingt arrondissements de Paris.
Une travailleuse infatigable
En 1885, elle fonde sa propre crèche.
Forte de son expérience et de l’excellence de son travail, le ministère de l’intérieur, lui octroie la possibilité en 1891 d’aller se former en Suisse sur l’organisation et le fonctionnement des crèches.
Parallèlement, cette infatigable travailleuse crée et dirige un journal « hygiène de la femme et de l’enfant à destination des mères.
Elle publie en outre des livres sur la puériculture.
Malgré son expérience, Madeleine Brès décèdera seule, pauvre et aveugle à Montrouge en 1921.
Cette combattante est à ce jour honorée tant par la poste qui lui offre un timbre à son effigie qu’au ministère des Armées qui lui consacre un article en tant que médecin pionnière. Une belle reconnaissance.
Bonjour
Merci pour cet article qui m’a vivement intéressée et qui contribue à réhabiliter des femmes d’exception.
Martine