Samuel Paty un combattant de la liberté

Samuel Paty a été décapité parce qu’il apprenait à ses élèves à dialoguer, à comprendre ce que sont les valeurs essentielles de la République. Il expliquait que chacun a le droit de penser, de croire ou de ne pas croire.

Les enseignants, du primaire, du secondaire, du supérieur vont devoir gérer après les vacances une situation difficile. Délaissés et sans soutien de leur hiérarchie, ils dénoncent l’inaction de leur Institution dont le principe premier est de ne pas faire de vagues.

 

Ne pas intervenir sur les contenus

Que des parents d’élèves assistent aux conseils de classe, pourquoi pas. Mais il est pourtant impératif que le Ministre de l’Éducation nationale affirme clairement, tant auprès des inspections académiques que de tous les responsables d’établissements scolaires que les parents n’ont aucun pouvoir sur les méthodes et les contenus des programmes transmis par les enseignants. Recevoir et accueillir les parents dans les établissements scolaires, oui. Par contre leur rappeler de manière très ferme, et même si cela « crée quelques vagues » que l’enseignement public n’est en aucun cas un enseignement au service de telle ou telle « idéologie familiale ». Il faut que cessent les interventions de parents qui s’opposent à un professeur sous prétexte que son cours – quelle que soit la matière – heurte leurs convictions. Mettre fin au hashtag Pas de Vagues et que la direction des établissements scolaires et universitaires soutiennent les enseignants qui ne font qu’apprendre à se forger une pensée critique.

 

Sois prof et tais-toi

“L’enseignant, estime Denis Peschanski [1] ne doit pas s’accommoder de la sensibilité des élèves…”. Il ne doit pas « s’interdire de parler des choses essentielles ». La question que l’on peut se poser est de savoir si les enseignants sont formés pour faire face aux incivilités de plus en plus nombreuses et s’ils ont les outils nécessaires pour affronter les évènements qui gangrènent notre démocratie. « L’école n’est pas imperméable aux événements qui se déroulent dans la société ». Doivent-ils arrêter d’expliquer ? Doivent-ils se censurer ? Doivent-ils se taire ?

Effets d’annonce ou annonces suivies d’effets

Il appartient maintenant d’aller concrètement au-delà des mots et des coups de mentons. Le Président de la République a réclamé des « actes concrets », des « actions immédiates ». Celles liées à la sécurité ont été formulées : expulsion de fichés S, interdiction d’associations liées à la mouvance islamiste. Le projet de loi qui sera présenté en décembre sur le « séparatisme » va certainement être complété par des articles prévoyant des mesures encore plus fortes. Les enseignants attendent avec impatience celles favorisant un enseignement où la peur n’aura plus lieu d’être, où l’enseignement des savoirs et la liberté d’expression l’emporteront sur la peur. Que le droit soit appliqué. Il y a là un devoir de l’État, garant de la liberté pédagogique de faire en sorte que ceux qui sur les réseaux sociaux appellent à la haine ou demandent des sanctions contre les représentants des institutions publiques, écoles, collèges, lycées, facultés, administrations soient défendus collectivement et poursuivis pénalement. Seuls, les enseignants ne peuvent avoir la solution. Agathe André est présidente de l’association Dessinez Créez Liberté (DCL) L’association est née au lendemain des attentats de janvier 2015 pour offrir au plus grand nombre (enseignants, animateurs jeunesse, bibliothécaires, éducateurs, personnel pénitentiaire) des outils pédagogiques originaux pour aborder des thématiques qui font l’actualité [2]. Le 18 octobre lors du rassemblement en hommage à Samuel Paty elle déclarait « la caricature est un langage, avec sa grammaire, ses codes, ses techniques, qui nécessite des référents communs, une vaste culture générale, un appétit pour l’actualité, bref, une lecture spécifique pour être compris ». Pourquoi ne pas envisager aussi un abonnement à Charlie Hebdo par tous les collèges et les lycées ?

Puisse cet ignoble attentat faire en sorte d’éveiller les consciences, et que les mesures renforçant la liberté d’enseigner soient prises collectivement avec les premiers de cordée du savoir.

1] Historien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et des sciences de la mémoire. Directeur de Recherche au CNRS

2]. https://dessinezcreezliberte.com/association-dcl/

 

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