La série « Le maître chocolatier » : l’art de sublimer la fève de cacao

 

Située près de la Grand-Place à Bruxelles, dans la prestigieuse galerie de la Reine, la chocolaterie de Gérard Perdreaux a une renommée internationale. Elle le doit particulièrement au savoir-faire de son maître chocolatier, le très humble et discret, Alexis Carret.

 

De la sélection des meilleures fèves de cacao, aux idées innovantes qui plaisent aux habitués de la boutique, tout passe par lui. De son métier, Alexis en a fait un art et une passion.

 

Pourtant, derrière son manque d’ambition, cache une réelle soif de liberté. L’opportunité de devenir autonome va lui être proposée lors d’une soirée organisée par son amie d’enfance Clémence.

 

Benjamin Crespin, chevalier d’industrie [1], perçoit le potentiel d’Alexis et la bonne affaire à réaliser. Il lui propose de créer sa propre marque et d’ouvrir, avec lui, sa propre boutique.

 

Sans doute, êtes-vous de ces millions de gourmands dont l’appellation « bon chocolat belge » émoustille les papilles. En connaissez-vous toutefois les différents processus de fabrication ?

 

C’est à en livrer quelques-unes des clés que se sont attelés Bénédicte Gourdon, Éric Corbeyran et Denis Chetville au travers de la success-story bien documentée d’un jeune maître-chocolatier.

 

De la délicate sélection des fèves de cacao aux subtils (mais secrets !) dosages des ingrédients et divers arômes, tout est expliqué en termes simples et en une mise en images d’une remarquable lisibilité.

 

C’est par ailleurs un admirable hommage à une profession et un art que nous offrent ici les auteurs de ce premier tome d’un triptyque annoncé.

 

Un deuxième tome beaucoup plus sombre

Sitôt lancée, la Chocolaterie Carret s’est fait une réputation d’excellence qui a drainé une belle clientèle. Cette réussite fulgurante, voire quelque peu arrogante, n’a pas tardé à susciter la hargne d’envieux et attiser certaines rancunes.

 

Pour Alexis, ce fut d’abord, commanditée en pleine période d’effervescence commerciale, l’interruption soudaine d’une livraison de fournitures indispensables.

 

Pour Benjamin Crespin, ce fut l’exigence du remboursement immédiat d’un emprunt imprudemment contracté auprès d’un financier aux procédés mafieux.

 

Pour tous les deux, c’est maintenant l’implantation dans leur quartier d’une enseigne concurrente appuyée par une célébrité people et promue par des as du marketing.

 

Les deux complices ne manquent certes ni d’idées ni de persévérance et des amis de la première heure restés fidèles s’activent par ailleurs à les aider à rebondir. Cela suffira-t-il cependant à éviter une faillite ?

 

Après nous avoir initiés d’une façon rigoureusement documentée aux différents processus de fabrication des gourmandises chocolatées, Bénédicte Gourdon et Éric Corbeyran, au scénario, et Denis Chetville, au dessin, nous immergent dans des réalités moins avenantes, celles de la commercialisation et de la création d’une PME rentable. Que d’obstacles à surmonter !

 

Même si tout vient à point à qui sait attendre, que d’énergie, d’inventivité et de combativité ne faut-il pas à qui s’aventure à entreprendre. Pourtant pas question ici de décourager les vocations. C’est avec passion et empathie que l’on accompagne sur leur parcours jalonné d’embûches, les protagonistes de cette success-story.

 

Denis Chetville, le dessinateur, Éric Corbeyran et Bénédicte Gourdon, les scénaristes, nous dévoilent au travers de cette saga une histoire de famille, de rivalité, de complicité, de confiance avec pour toile de fonds le chocolat dans toute sa splendeur. Tout y est expliqué, de l’origine des fèves de cacao, de leur sélection, assemblage et enfin la conception du chocolat sous toutes ses formes. Cette bande dessinée est très bien documentée. Les dessins sont sobres avec un goût pour le moindre détail sur la fabrication du chocolat. Les personnages sont attachants et tout à fait convaincants dans leur rôle.

 

C’est un hommage à une profession et à un art que nous délivrent les auteurs dans cette série. Au moment où en France, les boutiques essayent de rouvrir après deux mois d’arrêt, cette BD est une aubaine pour nous rappeler que des artisans existent pour notre plus grand bonheur. C’est une série qui fera saliver les amoureux du chocolat et les fins gourmets et vous donnera peut-être l’envie de rendre visite à votre maître chocolatier.

 

Le maître chocolatier – Tome 1 : La boutique, est disponible aux éditions Le Lombard et comprend 72 pages.

 

Le maître chocolatier – Tome 2 : La concurrence, est disponible aux éditions Le Lombard et comprend 72 pages.

 

[1] Les chevaliers d’industrie ou, comme on le lisait dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, les chevaliers de l’industrie, sont « ceux qui n’ayant point de bien vivent d’adresse, d’invention », Académie française, Dire ou ne pas dire.

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