[EDITO] Au fil du rasoir
Les maladies psychiques rendent encore cette période de confinement, plus difficile pour les patients atteints. Valérie Dumas va parler d’une assez méconnue appelée TPL.
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’un trouble mental qui porte le nom barbare de Trouble de la Personnalité Limite (TPL). Mais tout un chacun le connaît sous le nom de Borderline. Ce trouble touche environ 2 % de la population française et environ 2/3 sont des femmes.
Les gens bien–pensants crient haut et fort « oh mais nous sommes tous borderline ! ».
Le TPL est une maladie complexe dont les manifestations sont très variables d’une personne à l’autre.
Généralement, cela découle d’une très grande souffrance et instabilité émotionnelle et affective (violence durant l’enfance, attouchement sexuel, viol, abandon etc.).
C’est avoir d’importantes difficultés à gérer les émotions.
C’est s’emporter facilement et de manière imprévisible.
C’est avoir des comportements impulsifs (très gros accès de colère, violence verbale et/ou physique, quitter son travail suite à une dispute avec un collègue etc.).
C’est avoir des sautes d’humeur ou des sensations de vide fréquentes.
C’est être hypersensible, dans la dévalorisation, et dans l’autodestruction.
Chez le borderline, il n’y a aucune nuance. Par exemple, une personne est soit bonne, soit mauvaise. Il n’y a pas une simple sympathie, il n’y a pas possibilité de pardon, de droit à l’erreur. C’est tout blanc ou tout noir.
Il en découle donc, une grande difficulté d’intégration dans un groupe.
C’est prendre de gros risques tant financièrement (qui mènent au surendettement) que sexuellement (relations non protégées – nombreuses). Sombrer dans l’alcoolisme, la drogue, le trouble alimentaire etc.
Généralement, les borderlines sont d’une grande créativité, ont une intelligence supérieure à la normale. Elles ont une grande joie de vivre, d’amour, un enthousiasme à toute épreuve en leur période « UP ».
Et bien évidemment, cela peut basculer à tout moment, sans savoir ni pourquoi ni comment. Comme un soufflé ; comme un papillon qui passe de fleur en fleur et qui d’un coup s’évanouit dans la nature car les fleurs ne l’intéressent plus !
Ce trouble était classé, par Freud, entre la névrose et la psychose. Mais cela fait maintenant une trentaine d’années que le TPL a été intégré comme maladie psychique dans les systèmes de classification utilisés en psychiatrie.
Il a un point commun avec les divers troubles bipolaires et l’hyperactivité : la cyclothymie (changement rapide de l’humeur). Il peut entraîner une dépression et il est souvent associé à d’autres troubles de la personnalité ou à d’autres maladies mentales comme le trouble anxieux, les troubles de l’alimentation etc.
On ne s’auto-diagnostique pas. On ne va pas sur le Net chercher des tests. Non ! Il y a des thérapeutes qui sont là pour vous faire passer des tests très complexes. Ils sont là, également pour un long entretien, émotionnellement intense. Il n’y a qu’eux qui puissent poser des mots sur les maux et vous aider.
Faut-il vous soigner médicamenteusement ? N’écoutez pas les médias. Chaque borderline a sa propre thérapie, et heureusement.
Est-ce facile de vivre avec sa pathologie ? Oui et non. On apprend à le faire par diverses manières et on apprend à l’accueillir.
Est-ce facile pour l’entourage de vivre avec un borderline ? La question est très délicate. Je pense que la famille doit être écoutée et accompagnée pour comprendre la maladie, pour l’accepter. Mais aussi pour pouvoir elle-même expliquer son ressenti et ses propres souffrances et peurs.
Pouvez-vous, maintenant, affirmer que nous sommes toutes et tous Borderline ?
Quelques borderlines célèbres
Marylin Monroe
Angelina Jolie
Amy Winehouse
Lady Diana
Votre auteure
Borderline de son état