Pas touche à ma retraite et encore moins à celle de mes enfants !
Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société là on n’en veut pas !!!
Les slogans scandés lors de cette deuxième journée de mobilisation étaient nombreux et surtout porteurs d’une angoisse profonde. Avec les annonces d’Edouard Philippe, une chose est sûre, chaque génération va être dans la galère. Retour sur une semaine où notre protection sociale a été démantelée sans fleurs ni couronnes.
Hier à Nîmes, le cortège était encore très fourni, malgré une baisse du nombre de participants. Estimés à 4500 par la police et 8000 par les syndicats, le profil des manifestants n’étaient pas non plus les mêmes. Si bien sûr, les enseignants, cheminots, les personnels du chu et de la fonction territoriale étaient très représentés, il a été noté de manière notable l’arrivée dans le cortège des personnes venant du privé.
Ainsi on a pu voir des personnels de grands groupes bancaires, de grandes entreprises comme Perrier, et de nombreuses personnes officiant dans le secteur médico-social ou bien encore de l’Energie.
Fidèles à eux-mêmes, les Gilets jaunes quant à eux furent, nombreux à manifester.
Une prise de conscience que la retraite à points ne touche pas que les fonctionnaires ?
Oui, on ne peut que l’affirmer car de nombreux salariés du privé ont « débrayé » quelques heures voire une seule heure pour être considérés comme grévistes.
À l’instar de la première grande journée le 5 décembre, les partis politiques étaient aussi présents dans le cortège, de la France insoumise, du Parti Communiste français, en passant par Génération.s, EELV et même le PS.
Si le nombre total a certes légèrement fléchit, le discours du Premier ministre de ce jour a mis indubitablement de l’huile sur le feu dans un climat social déjà ultra-tendu.
Car entre temps, les annonces du locataire de Matignon ont été faites et la seule unanimité est le mécontentement de tous.
Après un long discours introductif durant lequel il a rappelé l’esprit de la retraite selon le conseil national de la résistance, (CNR), qui la souhaitait universelle, Edouard Philipe a conclu « le temps de l’universalité est venu, celui des régimes spéciaux s’achève. »
Un système universel implique la suppression des 42 régimes existants, dont les régimes spéciaux. Je sais que de nombreux salariés de la SNCF et de la RATP contestent cette ambition. Mais elle est au cœur du projet présidentiel, validé au moment de l’élection en 2017. pic.twitter.com/Q3AJ4GzVws
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) December 11, 2019
. La réforme qui sera présentée au parlement le 22 janvier 2019, si elle passe devrait entrer en vigueur dès 2022.
. Le système se veut « universel », la suppression des régimes spéciaux se fera de manière très progressive. Le nouveau système de retraite reste par « répartition ».
. La réforme concerne les gens nés à partir de 1975, les personnes nées avant cette date ne sont pas concernées. (à prendre avec nuances)
La classe 2004 sera la première à rentrer entièrement dans ce nouveau système de retraites, en 2022.
. Le point sera indexé aux salaires et non pas à l’inflation. La valeur du point sera encadrée par une loi afin de ne pas être baissée. La valeur du point sera décidée par les partenaires sociaux (sous contrôle du Parlement)
Des points seront alloués pour compenser des périodes de chômages ou de maladie.
Des points supplémentaires seront accordés aux femmes pour chaque enfant et dès le premier enfant au lieu du 3e, cette majoration sera de 5%, 10 pour le second, etc.
. La pension minimale pour un travailleur au SMIC toute sa vie ne pourra être inférieure à 1000 euros, s’il a toutes « ses annuités ».
Les métiers dangereux, pompiers, policiers, douaniers, personnels pénitentiaires, militaires conservent un départ à la retraite anticipée.
Ceux qui sont exposés à des fonctions dangereuses dans le cadre de missions régaliennes, comme les pompiers, les policiers, les gendarmes, les gardiens de prison, les militaires, conserveront le bénéfice des dérogations d’âge. #Retraites pic.twitter.com/yX1SkwydNo
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) December 11, 2019
. L’âge légal de la retraite à 62 ans est maintenu, mais l’âge sans décote tendra vers 64 ans (le fameux âge pivot) à partir de 2027 pour remettre le budget à l’équilibre car de l’aveu même d’Edouard Philippe, il va falloir travailler un peu plus longtemps.
Et c’est là que le bât blesse, tous les syndicats sont vent debout, même la très réformiste CFDT, qui appelait pourtant de ses vœux depuis 2003 à cette retraite à points, estime que la ligne rouge a été franchie martèle Laurent Berger, patron de la CFDT.
#retraites "Avec l'instauration d'un âge d'équilibre à 64 ans, une ligne rouge a été franchie pour la @CFDT. Il y a une insuffisance du volet social notamment sur la question de la pénibilité. La @CFDT décidera cet après-midi en bureau national des actions à venir" @CfdtBerger
— CFDT (@CFDT) December 11, 2019
Même son de cloche du coté de l’UNSA qui veut des précisions et continuer à négocier car ils ne se satisfont pas des annonces. La CGT hostile à la réforme appelle à l’amplification du mouvement de grève.
La CFTC appelle, elle aussi à se mobiliser.
Les partis politiques, eux aussi, très hostiles à cette réforme
DU NPA, à Jean-Luc Mélenchon, au Rassemblement national en passant par Olivier Faure du PS, Nicolas Dupont-Aignan, tous estiment que cette réforme est inégalitaire, injuste, cassant le contrat social ou fracturant un peu plus le pays et en demande soit le retrait soit la tenue d’un référendum.
Je ne veux jamais être ce père qui dira à son fils que j’ai sauvé ma retraite en sacrifiant la sienne ! La lutte continue ! Il faut généraliser la grève et amplifier les manifestations jusqu’au retrait !👊🏻
— Olivier Besancenot (@olbesancenot) December 11, 2019
Macron vient d'instaurer la retraite à 64 ans. Ceux qui ont 15 ans sont condamnés au système par point. Les autres sont jetés dans un labyrinthe illisible et piégeux. Les retraites des grands patrons et les privilèges des assurances privées sont maintenus. Injuste et inéquitable.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) December 11, 2019
Allongement de la durée de cotisation, rien ou presque sur la pénibilité, toujours le flou sur les transitions… partenaires sociaux piétinés… c’est NON ! #Edouardphilippe #Retraites #reformesdesretraites
— Olivier Faure (@faureolivier) December 11, 2019
Le gouvernement a donc choisi de fracturer un peu plus le pays. D’attaquer sa cohésion sociale. De sacrifier l’urgence d’un système plus juste qui intègre mieux la pénibilité. Reculer les échéances ne masque en rien l’injustice flagrante de la réforme proposée. #ReformeRetraite
— Yannick Jadot (@yjadot) December 11, 2019
Avec la mise en place d'un âge pivot à 64 ans, #EdouardPhilippe acte la trahison de la promesse d'Emmanuel Macron de ne pas reculer l'âge de départ à la retraite !#ReformeRetraite
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) December 11, 2019
Jamais probablement un gouvernement n’aura présenté avec des mots aussi enjolivés une réforme aussi terrible, qui va frapper durement les Français et risque de provoquer un blocage du pays.
M. Macron, sortez de la crise par le haut : référendum ! MLP #RéformeRetraite
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 11, 2019
Syndicats et politiques doutent, et fustigent sur de multiples points et pour plusieurs raisons cette réforme inique, les exemples d’incertitudes et de mauvaises communications étant multiples. La valeur du point en particulier n’est toujours pas connue. Quid des personnes nées avant 1975 mais dont les annuités n’auraient pas été suffisantes afin de liquider leur retraite. Vont-elles passer sous le nouveau régime ?
La fracture entre ceux qui « évitent la réforme » et ceux qui la prennent de plein fouet risque de scinder et un peu plus casser une société déjà bien divisée, même entre parents et enfants.
Après le lever de boucliers médiatiques, place à l’action dans les localités
Dès demain, l’intersyndicale et quatre organisations de la jeunesse ont appelé à des actions locales le 12 décembre, puis ce week-end avant une nouvelle mobilisation nationale interprofessionnelle qui aura lieu le 17 décembre. Outre les manifestations, les organisations syndicales et politiques nîmoises ont déjà donné leur opinion sur cette réforme. Et le moins que l’on en puisse dire, est qu’il y a un véritable consensus. Elles y sont toutes opposées.
Trop d’incertitudes et un péché originel entachent cette réforme : le manque de communication et cette espèce de suffisance qui depuis deux ans et demi sont la marque de fabrique de ce gouvernement.
À Nîmes, sous forme de communiqués, le PCF et Générations.s de Nîmes, se sont positionner clairement contre cette « réforme ». Les autres partis devraient emboiter le pas dans les heures qui viennent, mais peu de doutes sur leur détermination contre ce projet de Loi qu’ils jugent « scélérates », ou contraire à leur morale.
Au national, seul le Medef semble être ravi de cette réforme qui selon lui propose » un bon équilibre », c’est dire !