[EDITO] Le ballon d’or France Football a-t-il encore toute sa légitimité ?

Bien entendu, les propos et l’analyse que je vais formuler ici, n’engage que moi. Il y a autant d’avis dans le monde du football que de cellules dans le corps humain.

Néanmoins, aux vues des deux dernières élections du ballon d’or France Football, je ne peux que réagir. L’année dernière, chauvin, je gardais en moi la frustration de ne pas voir un joueur français le remporter.

Mais suite, à ce que j’ai vu hier et le résultat final, je n’ai plus aucun doute, quelque chose à changer dans le mode d’attribution de la récompense individuelle suprême pour un joueur de football professionnel.

Avant de pousser plus loin mon analyse, revenons donc sur les deux dernières élections. L’année dernière, après un passage de quelques années où le ballon d’or avait fusionné avec l’élection du meilleur joueur de la FIFA, le magazine France Football, reprenait l’entière responsabilité de la désignation du vainqueur du trophée qu’il avait créé.

Pour rappel, avant cela, les capitaines et les sélectionneurs des équipes nationales affiliées à la FIFA, ainsi que des journalistes sportifs de ces fédérations, votaient. Depuis l’an dernier, seuls les journalistes sportifs votent.

Nous pensions, supporters de football, en avoir fini avec le « copinage » entre joueurs aboutissant à des résultats surprenants (la victoire de Lionel Messi en 2010 devant Andrès Iniesta et Xavi alors tous les deux vainqueurs de la coupe du monde et jouant dans le même club que l’Argentin ; la non-présence sur le podium, la même année de Wesley Sneijder, vainqueur de la ligue des champions et finaliste de la coupe du monde).

En effet, avec le vote des journalistes sportifs internationaux, des critères tels que le palmarès, le comportement du joueur sur les terrains et en dehors entreraient de nouveau en ligne de compte. Finalement, que nenni !

Un vote, avant tout géopolitique

L’équipe de France en 2018, est devenue pour la seconde fois, championne du monde. Parmi les joueurs sélectionnés, figuraient un vainqueur de la ligue des champions (Raphaël Varane) et un vainqueur de la ligue Europa (Antoine Griezmann). Évidemment, le vainqueur ne pouvait être que l’un des deux, au vu des résultats sportifs et du palmarès. Eh bien non, c’est le finaliste de la coupe du monde et vainqueur également de la ligue des champions, le croate, Luka Modric qui l’emporte.

Je n’ai rien contre ce joueur, qui il faut l’avouer est très agréable à regarder jouer tant sa technique balle aux pieds et son influence dans le jeu de l’équipe dans laquelle, il joue, est importante. Mais quand même, il ne doit sa présence en finale de la coupe du monde que grâce à des victoires en quart de finale et demie aux tirs au but, et perd 4-1 contre la France en finale.

Alors, des experts, anciens joueurs, nous expliquent que les votes ont été répartis entre plusieurs joueurs français et cela aboutit au résultat final que le Croate Luka Modric n’a pas bénéficié de ce report de voix pour l’emporter.

Il existe une autre explication, que mon chauvinisme exacerbé ne fait qu’amplifier, c’est que des journalistes d’autres pays ne voulaient pas qu’un joueur français remporte le trophée puisqu’ils estimaient que l’équipe de France, par la qualité du football pratiquée, ne représentait pas un « beau vainqueur ».

Une autre explication est avancée par les experts, est que finalement, la ligue des champions qui se déroule toute l’année est plus représentative qu’une coupe du monde qui se joue sur un mois. D’accord, mais une coupe du monde, c’est tous les quatre ans, qu’elle a lieu, et c’est bien plus difficile de la remporter qu’une ligue des champions dont le trophée est remis en jeu chaque année.

Si ce sont les résultats d’une année entière qui compte, quoi penser du résultat d’hier ?

Effectivement, le résultat d’hier rend toute l’analyse de l’année dernière caduque. Cette année, point de grande compétition internationale (à part la Copa America qui a lieu tous les deux ans, la coupe d’Afrique des Nations, tous les deux ans également, et la ligue des Nations, nouvelle compétition en « bois »).

La ligue des Champions, devait être la compétition qui ferait office de point de repère. Eh bien non, ce n’est pas un joueur de l’équipe vainqueur, Liverpool, flamboyante au passage, championne cette année, et vice-championne l’année précédente, mais l’argentin, Lionel Messi qui l’emporte pour la sixième fois. Encore une fois, je n’ai rien contre le génie de Messi, qui le démontre régulièrement, comme le week-end dernier dans le match au sommet de la Liga Santander contre l’Atlético de Madrid avec un but dans les dix dernières minutes du match alors que son équipe était dominée. Ce joueur est indispensable au FC Barcelone, comme à la planète footballistique au demeurant. Il en est de même d’ailleurs pour son compère portugais, Cristiano Ronaldo.

Nous supporteurs, amateurs de la petite balle ronde, nous pouvons ressentir que du plaisir à voir jouer deux extra-terrestres depuis tant d’années. Mais cette année, c’est un joueur de Liverpool qui devait l’emporter et plus précisément Virgil Van Dijk, vainqueur de la ligue des Champions, finaliste avec les Pays-Bas de la ligue des Nations et selon mon avis, le meilleur défenseur au monde.

Alors une fois de plus, on va nous expliquer que le report de voix, a abouti au résultat d’hier. Certes dans le top 10, quatre joueurs de Liverpool y figurent.

En conclusion, Lionel Messi n’a remporté le trophée cette année qu’avec sept points d’avance sur le défenseur de Liverpool. Lorsque l’on analyse les votes par continent, des disparités géographiques se détachent. Ainsi l’Europe, continent pour lequel le lauréat du ballon d’or doit jouer, place Messi derrière Van Dijk (231 points contre 194). En Amérique du Sud, terre natale du barcelonais, la « pulga » devance le Néerlandais de huit points. En Amérique et en Afrique, l’Argentin devance Virgil Van Dijk (16 points en Amérique et 33 points en Afrique).

Le mode de désignation du ballon d’or France Football ressemble de plus en plus à l’Eurovision et c’est bien dommage.

Alors, je vous en conjure, Messieurs les responsables en charge de l’attribution du ballon d’or France Football, revoyez votre copie, et le système de votes, au risque que ce superbe trophée ne perde toute sa légitimité.

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